Retraite méditative
Les illustrations de cet article sont tirés des photos de Yves Duval, que vous pouvez retrouver ici: http://www.yvesduval-photo.net/
Pour le retour du blog, un article bien différent des autres. Il ne parlerait ni d'art, ni de béton (mais bon c'est mon blog, je suis hors sujet si je veux!) mais racontera la retraite que j'ai effectuée Noël dernier dans un centre de méditation dirigé par un groupe bouddhiste.
Vu comme ça, cela peut paraître étonnant : je ne cherche pas à faire l'apologie d'une religion, mes convictions personnelles ne concernent que moi. Cependant, dans un cadre laïque, il y a beaucoup d'enseignements qui gagneraient à être partagés. De plus, c'est une ouverture d'esprit intéressante : la chrétienté et la philosophie occidentale sont des jalons tellement inébranlables de notre culture que la découverte d'une autre vision du monde ne peut être que grandement enrichissante.
Cette retraite était destinée à des personnes de toutes croyances et courants de pensée. La philosophie et la religion bouddhiste (deux concepts très liés) ont cette particularité d'être enseignées de façon complètement non-dogmatique. Les enseignements sont destinés à approfondir notre vision du monde, et non à s'y substituer. Je vais les résumer de la façon dont ils nous ont été présentés, cependant il ne faut pas hésiter à prendre du recul, et se faire sa propre opinion sur chaque thème abordé. Ce n'est donc pas une religion que je vous présente aujourd'hui, c'est un mode de pensée issu d'une religion. Et même si on y adhère pas forcément, (personnellement, certaines aspects me gênent profondément) , c'est une façon de revoir notre vision du monde que l'on pouvait croire universelle et c'est à pas en avant dans la compréhension d'un pan de la culture orientale.
Pour présenter un peu le lieu : la retraite a eu lieu au centre Kadampa, près du Mans, dans un château réhabilité pour accueillir au maximum une centaine de personnes.
Château du centre Kadampa
C'est un centre géré de façon communautaire : le minimum de personne s'occupe de l'administration à l'année, et toutes les tâches quotidiennes (ménage, repas (végétarien bien sur!)) sont gérées directement par les résidents. Il est possible de résider gratuitement dans le centre contre certaines heures de travail, les résidents payant pouvant mettre la main à la pâte de temps en temps bénévolement.
Chaque jour, quatre enseignements, portant sur environ un thème par jour, nous étaient proposés par un moine. Celui-ci n'était pas vraiment tibétain : il était auparavant commercial en France et à décidé, du jour au lendemain de se consacrer à la spiritualité. Le dialogue était plus simple, puisqu'il faisait régulièrement le pont entre le mode de pensée occidentale et la vision bouddhiste.
Je vais vous présenter du mieux que possible ce qui a été dit.
Petite introduction aux concepts bouddhiques.
Les premiers enseignements étaient dédiés à une introduction à certains concepts bouddhistes et une initiation à la méditation. Je vais donc commencer par donner des clés qui seront utiles pour comprendre certaines explications.
Le bouddhisme, comme l'hindouisme, est une religion qui prône la réincarnation. Dans la plupart des courants de pensée, l'homme se réincarne dès sa mort dans un nouveau née ou un animal. Le respect de chaque forme de vie est donc très présent.
Il y a trois mots qui sont récurrents dans la pensée bouddhiste : le karma, le nirvana et le samsara.
S'il est complètement illusoire de tenter de vous expliquer ces termes en quelques lignes, je peux essayer de vous en donner une définition approchée qui est à mille lieux du sens qu'on leur a donnés en France.
Le samsara pourrait être traduit par « le cycle continu des souffrances ». Rien de bien folichon donc, il désigne tout simplement nos existences, vouées à la souffrance, et piégé dans le cycle infini des réincarnations.
Le karma est très grossièrement un « compteur » de la valeur de notre âme. Chaque action vertueuse vient enrichir notre karma, chaque mauvaise action le déprécie. C'est la seul chose qui nous suit lors du cycle des réincarnations. Une conséquence pas forcément simple à accepter du karma est que nul événement n’apparaît sans cause. Une grande fortune ou une maladie incurable est le fruit de karma négatif ou positif accumulé lors de vie antérieur. Inversement, une personne vertueuse accumulera du karma qui ne lui sera bénéfique que lors d'existence future.
Le nirvana est l'aboutissement du samsara. Lorsqu'une personne a enrichi son karma jusqu'à devenir pure (elle a alors atteint l'illumination), elle atteint le nirvana, le seul lieu exempt de souffrance. Les êtres ayant atteint l'illumination sont appelés des Bouddhas.
C'est une des particularités les plus notables du bouddhisme, l'absence de déités. En effet, on ne loue que les Bouddhas, auparavant simple mortel, en tant que modèle de sagesse. Et on ne prie pas, on médite. Ce qui m'amène au deuxième point, qu'est que la méditation.
La méditation
Il ne faut pas confondre méditation et relaxation. Même si mes quelques expériences m'ont montré qu'il était parfois très rapide de s'assoupir lors de séance guidé, une méditation réussie est une méditation en pleine conscience et peut même être un exercice plutôt fatiguant !
La notion clé pour réussir une méditation, et en général pour agir sur sa personne est la concentration. L'objectif est de réussir à observer et décrire ce qui se passe à l'intérieur de notre être afin de limiter les états négatifs qui nous habitent et les remplacer par des états positifs.
Les états négatifs sont plus ou moins ce que nous appelons « péchés », mais aussi d'autres notions comme l'attachement. J'y reviendrai.
La concentration se porte sur des objets. Le plus connu, et le plus utilisé pour des méditations laïques est tout simplement le souffle. C'est un outil simple et efficace : il suffit de porter toute son attention sur le cycle des expirations/inspirations et de laisser filer les autres pensées. Et pourtant, pour un novice, tenir ne serait-ce que quelques minutes libre de toutes pensées parasites peut-être très difficiles.
La respiration est un objet neutre : c'est à dire qu'elle n'est ni vertueuse, ni mauvaise. La spécificité de l'école de pensée où j'ai effectué ma retraite est l'enseignement des méditations ciblés. L'exercice du souffle n'est alors qu'un échauffement pour une méditation plus profonde en focalisant son attention sur un objet vertueux, dans le cas présent une notion abordée lors de la séance.
Dans ce qui suit, je vous dresserai donc un panel des notions sur lesquelles nous nous sommes interrogés.
Les « perturbations mentales »
J'ai parlé rapidement des « états négatifs ». Ceux-ci représentent tout les comportements qui nous éloignent des autres, nous rendent moins attentif et moins généreux. Parmi eux, on peut retenir la colère, l'attachement, ou l'ignorance.
La colère nous « manipule ». La conscience s'échappe, nos actions ne sont plus le fruit de notre véritable nature (voir chapitre suivant).
Matthieu Ricard donnait l'exemple d'un homme qui en frapperai un autre avec un bâton ; personne n'accuserait le bâton d'avoir commis un crime : il n'a été qu'un outil. Et bien le bras de l'agresseur, et son corps tout entier n'ont été eux aussi que des outils pour effectuer un mal. La seule fautive, et le seul élément sur lequel il faut agir pour éviter que l'acte ne se reproduise, c'est la colère de l'agresseur, qui est distincte de sa personne.
On ne considère couramment pas l'attachement comme un défaut, et pourtant il est la source de nombreux maux. L'attachement excessif focalise notre attention sur une zone restreinte. Un être pur a pour objectif d'être capable d'aimer sans distinction absolument tout le monde.
De plus l'attachement nous donne tendance à idéaliser l'objet de notre amour, ce qui génère frustration, déception et donc souffrance.
Enfin, de façon évidente, nous n'accordons de l'importance qu'à un nombre très limité de personne, et ignorons tout les autres.
Ces trois états négatifs définissent toutes nos relations, et montrent à quel point elles sont déséquilibrées. Pour développer un amour pur, il faut se délester de l'aversion, de l'attachement et de l'ignorance et considérer chaque être à la même valeur.
Notre véritable nature
Pour le Bouddhiste, l'amélioration de nos conditions de vie passe tout d'abord par l'amélioration de soi plutôt que des données extérieures. L'esprit et le corps sont liés.
Pour simplifier, j'utiliserai le terme défaut pour signifier les « états négatifs » dans ce qui suit.
Il est nécessaire de se rendre compte de ses défauts pour progresser. La véritable nature d'un être est comparable à une pépite d'or noyée dans de la boue. Notre véritable nature est enfoui en chacun de non, inaltérable, belle et éclatante. Mais l'épaisseur de la boue, (de nos défauts), qui l'entoure nous empêche de faire profiter nos proches de son éclat.
Il existe donc un potentiel d'amour et de sagesse chez chacun, qui apparaîtra en travaillant sur les défauts qui pervertissent la vision que l'on a de nous.
Une autre image assez parlante assimile notre véritable nature à de l'eau claire et nos défauts à la poussières et à la boue qui la troublent.
La leçon fondamentale est de retenir que nos défauts ne nous caractérisent pas, mais nous devons avoir conscience de leurs existences pour les faire disparaître.
Affection et équanimité
Nous allons approfondir la notion d'affection et la recherche de l'équanimité (accorder à chaque être un amour égal).
Nos défauts (affection, aversion et ignorance) bloque notre capacité à développer un amour sincère, c'est à dire un amour généreux, sans attente et universelle. L'idée de l'équanimité est de créer une attitude chaleureuse, qui ne soit pas déséquilibré par nos défauts.
Cela inclus donc de ne considérer personne comme un ennemi, mais même la notion d'ami est superflue pour un être parfait. Nos défauts nous donnent une projection erronée des gens que nous rencontrons : un tel semblera plaisant, un autre semblera détestable, et un grand nombre de personne ne nous renverra que de l'indifférence. Afin de faire grandir son amour, il est nécessaire de se rendre compte que la projection qu'une personne nous envoie ne dépend que de nos propres défauts et que chacun possède un potentiel de bienveillance.
Afin de développer une bienveillance universelle envers chacun, le bouddhisme utilise une image qui semblera surprenante à nous occidentaux : puisque nous nous sommes réincarnés un nombre infini de fois, alors dans nos existences passées ou à venir, chacun d'entre nous a été un jour la mère de l'autre. L'amour d'une mère pour son enfant est le symbole de l'amour parfait et universelle. Cette image a pour objectif de rapprocher chacun d'entre nous, nous ne sommes pas étrangers les uns aux autres puisqu'un lien de parenté fort nous a unit un jour.
Cependant, il est facile d'oublier l'amour que l'on a reçu, ou de croire qu'il nous était dû. Il faut tâcher d'oublier ces fausses idées afin d'être capable de rendre la bonté dont on a profité durant notre existence actuelle et toutes celles passées.
Afin d'aider au mieux ceux qui nous entoure, il est nécessaire de prendre conscience que chacun est en partie aveugle d'un point de vue spirituel, et que cette ignorance est source de souffrance. En devenant soi-même quelqu'un de meilleur, en rendant la bonté que l'on a reçu lors de nos existences antérieurs par nos mères et notre entourage, on sera capable de conduire les autres vers moins de souffrances.
Par l'expression de l'équanimité, on crée beaucoup d'énergie positive, qui par le principe du karma, sera la cause de beaucoup d'amour à venir.
L'aversion
L'aversion est ici l'antithèse de l'affection. Pour des raisons diverses, parfois même de façon totalement arbitraire, on crée un rejet ou de la colère envers une personne en particulier.
Si la simple apparence d'une personne nous la fait apparaître désagréable, c'est qu'on a tendance à se focaliser de manière inapproprié sur certaines caractéristiques, sans considérer la personne dans son ensemble.
Un exemple qui nous avait été donné et que j'avais bien aimé : à la fille d'attente d'une caisse de supermarché, une cliente peine à payer avec sa carte bleu. Si elle jette un œil sur les personnes derrière elle, elle aura principalement droit à des regards agacés et des gestes impatients, ce qui a pour effet d'accentuer l'inconfort de la situation. Les personnes dans la queue ne déteste pas celle qui a des problèmes pour régler ses courses, mais ils refusent de lui accorder leur compassion puisqu'elle nuit à leur propre confort, qui dans le cas présent serait d'attendre le moins possible.
L'aversion n'est donc pas forcément synonyme de dispute, il se rencontre dans des situations courantes et qui peuvent sembler anodines.
Pour la combattre, il est nécessaire de prendre de la distance sur ce sentiment : pourquoi la ressent-on ? La personne est face de moi est-elle intrinsèquement désagréable, ou n'est ce pas ma perception erronée qui me le fait croire ?
La compassion
Quand on se retrouve devant quelqu'un que l'on aime et qui souffre, nous ressentons une partie de sa douleur et souhaitons que celle-ci cesse : c'est le compassion.
L'illumination passe par une compassion sans limite et universelle, une générosité infinie. Seul cela peut mener à une cessation de la souffrance définitive. Après être devenu un être pur, exempt de tout état négatif, l'ultime étape avant de devenir bouddha est de s'offrir au monde, par compassion. Il faut d'abord être en paix avec soi-même pour espérer aider les autres à progresser dans leurs existences.
Les actions extérieurs ne suffisent pas à créer du karma positif. Les actions humanitaires, les offrandes, les coups de main doivent être empreint d'une compassion profonde et sincère, sinon elle ne permettrons pas à long terme d'endiguer la souffrance.
L'égocentrisme
Nous sommes une civilisation égocentriste. L’éducation, l'économie, le travail, les médias participent à l'illusion de nous faire croire indépendant et de première importance.
Nous avons une image de nous-même, tout ceux qui nous entoure ont une image différente de nous et aucunes de ses perceptions ne sont vraies ou fausses. Nous avons tendance à nous idéaliser ou au contraire nous déprécier, alors qu'aucun individu n'a plus de valeur qu'un autre.
La préoccupation de soi ne peut conduire à des états d'esprit positifs. S'il est nécessaire de s'occuper de soi, en terme de santé, d'hygiène, de revenus … afin d'être capable de venir en aide aux autres, la préoccupation excessive de soi nous isole et biaise nos rapports à l'autre.
Pour rééquilibrer notre vision, nous devons affaiblir l'attachement que nous avons de nous-même : la liberté des autres est aussi importante que la nôtre, les autres sont aussi importants que nous.
On peut reprendre l'exemple de la file d'attente : l'angoisse de la personne qui n'arrive pas a payer n'est pas moins important que notre impatience, et il convient donc d'éviter d'accroître son malaise.
En agissant pour rendre heureux les autres, et en essayant de les comprendre, de réaliser ce qui est important à leurs yeux, on crée des connexions qui nous apportent autant de bonheur qu'ils en apportent à ceux qui nous côtoient.
Bonus : la méditation.
J'ai dit au début de ce texte que chaque notion abordé était suivi d'une méditation. Il s'agissait d'une méditation guidé par le moine qui animait la séance.
Il est très difficile de commencer la méditation en autodidacte. On la perçoit souvent de façon erronée ou au mieux floue. Ce serait comme tenter de tirer à l'arc sans connaître ni la posture, ni la façon de tenir la corde, il serai long et fastidieux de parvenir ne serait-ce qu'à toucher la cible.
La méditation est très différente de la prière (sans jugement de valeur envers l'un ou l'autre). D'ailleurs, dans de nombreux cas, sa pratique peut être laïque. En sophrologie notamment, elle est utilisée pour apaiser des souffrances physiques ou mentales.
Dans le cadre de cette retraite, les séances de méditations guidés étaient organisées de la façon suivante :
* Nous commencions par quelques chants (pour créer une atmosphère propice, même s'il y a une connotation religieuse là dedans).
* Ensuite nous débutions la méditation sur l'objet neutre qu'est le souffle, afin d'apaiser l'esprit et le préparer à la concentration.
* Puis nous focalisions notre attention sur différents aspects de la notion abordée pendant la séance, par exemple lorsque nous parlions de rendre la bonté reçue :
> On commence par éloigner la colère ou l'attachement dont nous avons fait l'expérience par le passé
> Puis nous pensons à la bonté de notre mère
> Nous intégrons ensuite l'idée que les mères de nos existences antérieurs nous ont aussi accorder cette bonté
> Nous reconnaissons l'amour reçu, et réfléchissons aux manières de le rendre.
* De la même façon, la fin de la méditation se termine par des chants traditionnels.
L'exercice de la méditation a des similitudes avec celui d'un sport. Un novice telle que nous avions du mal à conserver notre concentration plus que quelques minutes, tandis que les plus aguerris peuvent demeurer des heures dans la concentration la plus totale.
Très rapidement, des pensées parasites viennent vous perturber, des souvenirs qui réapparaissent, un détail d'un voisin devant vous, une irritation physique. La clef du succès est de ne pas s'opposer à ces pensées, mais au contraire de les laisser passer, rechercher l'apaisement pour pouvoir reprendre la méditation. L'autre risque est la somnolence, ce qui implique de trouver une position adapté, de garder les yeux ouverts ou mi-clos, et de ne pas baisser son attention.
C'est très dur de retranscrire par écrit ces temps, c'est une expérience qu'il vaut mieux vivre. Étonnement, une séance de méditation réussi peut être vraiment fatigante, tout en accordant un apaisement très agréable.
Bonus 2 : Questions / Réponses
Si vous en êtes arrivé jusque là, vous avez dû remarquer que je n'ai pas été critique envers les enseignements qui nous ont été proposés, et ce n'est pas parce que j'y adhérai totalement. Comme je le disais au début, il n'y avait pas la volonté de faire du dogmatique, mais plutôt proposer une autre façon de penser pour enrichir notre vision, sans pour autant nous demander d'abandonner l'ancienne.
C'est un aspect de cette retraite qui m'a beaucoup plu. A cet effet, chaque soir était proposé un temps de question/réponse où chacun était libre de partager ses interrogations. Voici un résumé de quelques questions posés.
Quelle est la différence entre l'attachement et l'amour ?
L'attachement est le fait d'aimer pour ce que l'autre nous apporte, et non pour son bien. Un amour pur est sans attente pour soi-même, il veut juste que l'autre soit heureux.
La peur est-elle un état négatif ?
La peur et l'anxiété (hors du cadre des maladies) est un symptôme de l'attachement. La préoccupation excessive de nous même crée de la souffrance.
Comment fonctionne le karma, comment expliquer les épidémies, les accidents etc. ?
[rappel, le bouddhisme ne reconnaît pas la notion de hasard. Chaque événement à sa cause qui le précède via le karma. C'est une vision qui diffère beaucoup du mode de pensée occidental et qui peut être difficile à accepter]
On peut assimiler les actions que nous menons comme des graines de karma positifs ou négatifs. Ces graines mûriront probablement dans une autre de nos existences, et aboutiront à des conséquences joyeuses ou négatives. Dans le cadre d'un accident impliquant un grand nombre de personne, celles-ci ont créé dans des vies antérieurs un karma de groupe qui a conduit à ces sinistres aujourd'hui.
Peut-on atteindre l'illumination de façon laïque?
Le bouddhisme reconnaît la valeur de nombreux prophètes ou figure d'autres religions telle que le pape, Mahomet, Jésus etc...
Le Dalaï-lama a d'ailleurs beaucoup fait pour unir les représentants des différentes religions du globe. Si la manière de faire est différente, le bouddhisme considère que chacune des principales religions poursuit les mêmes objectifs.
L'adhésion au principe religieux guide la pensée, même si elle n'est pas nécessaire pour faire de quelqu'un un homme bon et épanoui, l'illumination ne peut pas être atteinte sans avoir conscience de ses différentes vies, de la vacuité et de l'action du karma.
Il y aurait encore beaucoup de chose à dire, mais je pense que ces quelques lignes vous donne un petit aperçu de ce que peut-être la pensée bouddhique. Les thèmes abordées étaient très restreints et ma maigre connaissance ne vont ont pas forcément appris grand-chose, mais je vous conseille d’approfondir vos recherches si certaines notions vous ont touchées.
N'hésitez pas à me contacter pour poser des questions, si vous voulez débattre un aspect ou pour me demander de la littérature à ce sujet.
La transition énergétique
Bonjour !
Aujourd'hui nous allons traiter un sujet important qui nous touche tous, et suscite de nombreux débats passionnés, c'est pourquoi cet article est beaucoup plus long et complet que les précédents.
Il vient compléter la conférence sur le sujet donné le 9 février à l'ENS de Cachan.
La présentation prezi est disponible ici
Une grande parties des informations et des graphes qui seront donnés par la suite sont extraits des rapport du GIEC, que je vous encourage grandement à consulter ici.
J'ai volontairement choisi d'être relativement synthétique et non exhaustif par contrainte de temps déjà, et pour dégager les points cruciaux sans rendre la lecture fastidieuse. Chaque sous-partie de cet article est un domaine de recherche en soi et pourrait faire l'objet d'un écrit spécifique. N'hésitez pas à me demander des précisions sur un sujet évoqué.
La transition énergétique, qu'est ce c'est ?
La notion de transition énergétique désigne la volonté de passer du système énergétique actuel à un système énergétique durable n'émettant pas ou très peu de CO2.
Il y a donc nécessité de trouver des remplaçants aux combustibles fossiles, pour la production d'énergie et pour les activités humaines. Cette transition doit être aussi économique et comportementale.
Je commencerai par parler du changement climatique, de ses conséquences pour les humains et pour la planète pour finir sur ce qu'il reste à faire pour espérer une transition énergétique réussie.
1 – Le changement climatique
Afin de bien se rendre compte du travail à fournir, il pas inutile de faire le point.
Si l'importance du changement est bien connue de tous, j'ai bien souvent constaté une connaissance tronquée du problème. Non, il ne va pas juste "faire plus chaud". Non le réchauffement climatique ne se limite pas à l'eau qui monte et les orages un peu plus fréquents.
- L'augmentation du taux de gaz à effet de serre dans l'air
Les concentrations atmosphériques de carbone et des autres gaz à effet de serre ont atteint un niveau sans précédent depuis 800 000 ans.
On a observé une augmentation de 40 % depuis l'ère préindustriel pour le Co2, et 150 % pour le méthane.
Cette augmentation est due à l'utilisation de combustibles fossiles et le changement d'utilisation des sols (déforestation principalement). Les facteurs 'naturels' tels que les changement de comportement du soleil ou l'activité volcanique, est responsable au plus de 2 % de cette augmentation.
Evolution (en noir) et prévision de l'évolution de la concentration des principaux gaz à effet de serre dans l'air.
Note: les prévisions sur le climat sont fait en fonction de modèle, qui sont censé refléter les efforts faits pour préserver la planète ou leur absence. Le GIEC utilise 4 scénarios, appelé RCP2.6, RCP4.5, RCP6, RCP8.5 en fonction du forçage radiatif prévu en 2100, qui représente la capacité de l'atmosphère à piéger les rayonnements. Le scénario RCP2.6 correspond grosso modo à une prise en charge mondiale et poussé du problème, le scénario 8.5 correspond à une absence de mesures prises.
Cette hausse majeur des GES (gaz à effet de serre) conduit à une hausse globale des températures par le biais de l'effet de serre (dont je pense pas avoir besoin d'expliquer !)
- La hausse des températures
Depuis le temps qu'on en parle, vous devez l'avoir compris, il fera plus chaud dans le futur ! Mais à quel point ?
Pour ce qui est déjà fait, on estime que l'on a gagné 1°C depuis 1850,
Ensuite, les scénarios les plus négatifs prévoit une augmentation de la température allant de 3 à 6°C pour 2100, et les plus optimistes, le réchauffement ne dépassera pas 2°C.
Anecdotique ? Pour donner un ordre d'idée, pendant la dernière ère glaciaire, la température moyenne n'était que de 4°C en dessous de la valeur actuelle. Et l'Europe ressemblait au Groenland !
Autant dire que l'on va ressentir les effets de l’augmentation, surtout si rien n'est fait pour la freiner
- L'effet domino
Cette augmentation de température entraîne parfois une réaction en chaîne qui amplifie le phénomène. C'est le cas par exemple des tourbières, zones humides colonisées par la végétation, qui capte normalement une grande quantité de Co2. Le réchauffement empêche cette
action, et contribue même à libérer le Co2 enfouis !
On peut aussi citer le pergélisol, énorme stock de méthane enfoui dans la glace, par exemple au Groenland, et qui pourrait être libérer en cas d'une trop grande élévation de température.
- L'inertie des changements
La terre est une machinerie complexe et ancienne. La plupart des changement qui se passe sur sa surface se font à l'échelle de milliers voire millions d'année. Même si on arrêtait brusquement d'émettre du Co2, les effets de notre activités serait encore visible 1000 ans plus tard. L'inertie des changements est très forte. Raison de plus pour agir dès maintenant.
2 – Quelles conséquences pour la planète ?
Ok, on a compris, la quantité de gaz à effet de serre et la température augmentent. Mais bon, je suis loin des côtes et il fait pas très beau chez moi, donc, qu'est-ce que ça changera, concrètement ?
Mon intention n'est nullement de provoquer ou de faire peur, même si la situation est critique. Je demeure persuadé qu'une évolution est possible, mais pour cela, il faut être capable de regarder la situation en face afin de choisir comment la redresser. Dans la partie suivante nous verrons que des solutions existent, et que les cartes sont dans nos mains.
Pour cette partie, j'ai bien du choisir un ordre pour présenter les conséquences du réchauffement. Notez bien que c'est n'est absolument pas fait en fonction de leur importance, qui est de toute façon absolument in-quantifiable.
- La fonte des glaciers et la montée des eaux
C'est le changement climatique le plus connue. Peut-être parce que c'est l'un des plus facilement observables et impressionnant.
La fonte des glaciers s'explique directement par la montée des températures.
Elle prive tout un écosystème de son lieu de vie.
Contrairement à ce que l'on peut entendre, la hausse du niveau des eaux n'est pas due qu'à la fonte des glaciers. La raison principale est plutôt l'augmentation de la température des océans. L'eau chaude prend un peu plus de place que l'eau froide, donc le niveau des mers augmente.
Augmentation du niveau de mer moyen observé et prévision optimiste (en bleu) et pessimiste (en rouge)
A noter que la hausse du niveau de la mer est très inégale contrairement à ce que l'on pourrait penser et sera donc beaucoup plus forte dans certaines régions.
Cette élévation menace bien entendu tout d'abord tout d'abord les environnements côtiers et insulaires. Elle engendrera dans les années à venir un flux migratoire très important, notamment dans des archipels très peuplé comme les Philippines ou l'Indonésie.
- L'acidification et la montée en température des océans
Les océans sont les plus grands capteurs de Co2 de notre planète. Près de 1/3 de nos émissions sont absorbés par la surface de nos eaux. Il y aurait dans l'océan environ 50 fois plus de Co2 que dans l'atmosphère ! Seulement voilà, nos océans aussi ne se porte pas au mieux.
Le système climatique est une machine fragile, et la simple augmentation du Co2 capté ce dernier siècle a suffi a faire chuter sensiblement l'acidité des eaux. Plus précisément, le Co2 réagit avec l'eau pour former un composé acide, qui ne se transforme en roche calcaire que 20 % de sa masse.
Cette acidité accru est dangereuse pour toutes les espaces animales sous marins, et pour des écosystèmes entiers basés par exemple sur les récifs coralliens.
Augmentation observée de la température et de l'acidité et prévision de l'acidité dans les océans.
En plus de cela, les températures de surfaces des mers augmentent. Les courants marins, et avec eux certains phénomènes météorologiques devraient être relativement impactés, mais c'est surtout la faculté des océans à piéger le Co2 qui va en souffrir, augmentant encore sa concentration dans l'atmosphère de façon difficilement quantifiable.
- Les dérèglements climatiques
« Y a plus de saison » !
Il est probable que l'adage finissent par se vérifier. Et pourtant, il n'est pas toujours simple de comprendre le lien entre l'augmentation de la température et les catastrophes naturelles que sont les ouragans, les inondations, les sécheresse etc.
Il faut d'abord bien comprendre la notion de « moyenne ». Si l'on augmente la valeur de la moyenne, on agrandit aussi l'étendu des probabilités d'évènements exceptionnels:
Bon, ça ne paraît pas forcément frappant, mais l'aire colorié en rouge (correspondant aux probabilités de fortes chaleurs) a sensiblement augmenté depuis 30 ans.
Pour ce qui est des précipitations, on observe de la même façon une augmentation des conditions extrêmes en matière de pluviométrie (inondations et sécheresse).
- Des extinctions de masse
Les espèces animales sont déjà mis à rudes épreuves de bien des manières : déboisement, élevage intensif, monoculture, chasse etc .
Mais ce sont surtout les premières victimes du réchauffement climatique ! Sans chercher à faire un cours de biologie, les espèces ont tendance à réussir à s'adapter à leur environnement en migrant et/ou en évoluant. Seulement, la rapidité du changement est telle aujourd'hui que beaucoup d'espèce n'auront pas le temps de s'adapter ! Soumis à des températures trop élevées, ou manquant simplement de source de nourriture, des milliers d'espèces vont s'éteindre.
Ce graphe compare la vitesse de migration dont est capable une espèce au palier à celle que les changement climatique imposera. On voit assez bien que les plantes sont en générales très exposées aux changements.
- La baisse des rendements céréaliers
Un fait assez peu connu sur le réchauffement, et qui est pourtant l'un des plus inquiétant pour les années à venir. Depuis la seconde guerre mondiale, les rendements des plantations n'ont jamais cessé d'augmenter, grâce aux progrès de l'agriculture et de la génétique, et ils ont plus ou moins suivi la hausse de la démographie. Pourtant, depuis quelques années, on observer un ralentissement voir une tendance contraire dans de nombreux champs du monde.
La cause : encore et toujours la température. Nous sommes devenus dépendant d'un nombre limité de céréales (blé, maïs, riz et soja), et les deux premières d'entre elles sont très sensibles l'augmentation de la température. A telle point que les progrès de la génétique ne suffise plus à augmenter les rendements. Pour ceux qui ont vu le film Interstellar, sachez que le postulat de départ du scénario n'a rien d'irréaliste,
Prévision de l'évolution des rendement des principales céréales. En résumé, il est prévu environ -2% de rendement/décade pour le blé, -1,5%/décade pour le maïs et une évolution relativement indéterminée pour les deux autres)
Le graphe de gauche montre l'hétérogénéité du résultat suivant les études. Les problèmes climatiques sont très complexes et les conclusions du GIEC se basent donc plus sur des tendances que sur des données chiffrées.
Petite lueur d'espoir cependant, toutes les cultures ne sont pas touchés et certains légumineux ou fruit pourrait profiter de ce changement.
A noter que comme pour la plupart des évolutions dus au climat, celle-ci n'est absolument pas homogène sur la surface de la planète. Par exemple, les zones tempérés, actuellement celles dont la productivité est la plus forte, risquent d'être les plus durement impactées tandis que des pays plus au Nord, comme le Canada ou la Sibérie, vont voir leur productivité augmenter. L'effet global reste cependant négatif.
- Les flux migratoires
Tous les effets précédents vont engendrer des flux migratoires sans précédents de personnes qui fuit la sécheresse, la malnutrition, la montée des eaux, l'avancée des déserts etc.
Ils sera impératif pour les gouvernements mondiaux de trouver des solutions pour gérer cet exode inédit.
3 – Les changements à prévoir pour la transition
Il y a beaucoup à faire pour enrayer la machine climatique lancée à toute allure. Pourtant, il n'y a pas de raison de céder au découragement et encore moins au cynisme (sentiment assez courant à propos du changement climatique mais absolument pas productif.)
Beaucoup de progrès se font au niveau local, des solutions technologiques innovantes, une prise de conscience de population, des aides aux personnes touchées par les changements, la préservation d'écosystèmes vitaux etc.
On parle beaucoup d'énergie renouvelable, de progrès techniques … mais ces outils seuls ne seront pas en mesure d'assurer un transition énergétique satisfaisante.
Si nous sommes en mesure de produire plus d'énergie à moindre frais, la surconsommation, le gaspillage, et la surexploitation de nos ressources continuera, et nous n'aurons que repoussé le problème d'une ou deux générations.
La transition énergétique doit donc se faire sur 3 niveaux :
* Technologique : Il est nécessaire de trouver rapidement des remplaçants pour les combustibles fossiles, mais aussi d'augmenter le rendement des solutions existantes.
* Économique et politique : Il est de devoir des gouvernements mondiaux de participer à la crédibilités économiques des solutions énergétiques « propres »
* Sociétale : L'individu a toute sa place dans la transition, il en est même l'acteur principal.
Magnifique graphique récapitulatif (fait maison :-) )
- Technologie
Avant les années 70 et les premières crises pétrolières, on ne cherchait pas à économiser notre énergie, que l'on pensait abondante et bon marché.
La donne a changée, l'énergie coûte maintenant cher et on a compris la nécessité de limiter notre consommation. Beaucoup de progrès ont été pour trouver des sources d'énergie propres mais aussi réduire au maximum le gaspillage.
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Le solaire électrique et l'éolien
Cheval de bataille des écologistes depuis des années, quels sont réellement les intérêts des énergies renouvelables ? Quelques questions-réponses pour mettre les choses au clair.
Les éoliennes et le solaire ne polluent pas !
C'est malheureusement faux. Ils utilisent une énergie globalement illimitée et n'émette pas de Co2 durant leur fonctionnement, mais il faut bien les construire ! Et la fabrication de cellule photovoltaïque par exemple, est une opération très polluante. En plus de ça se rajoute les coûts de conversion, éventuellement de stockage. Mis bout à bout, si l'on regarde l'émission de gaz à effet de serre pour une unité d'énergie produite, le solaire et l'éolien ne sont pas les premiers de la classe !
En bleu, estimation basse, en rouge estimation haute.
les petites dalles.org
Peut-on mettre des éoliennes et des panneaux solaires partout ?
Ce serait une mauvaise idée d'envisager de placer une éolienne ou un panneau solaire quelque part avant d'avoir vérifier que l'endroit était adapté. Comme je viens de le dire, leur fabrication est très polluante. En moyenne un panneau solaire mettre environ 12 ans pour être intéressant du point de vue écologique, pour une durée de vie de 20 ans. Il est donc nécessaire de les placer à des endroits stratégiques, comme dans des zones très ensoleillées pour les panneaux, et des lieux où le vent est très régulier pour les éoliennes
Peut-on mettre envisager un cocktail énergétique 100 % solaire-éolien?
Encore une fois non ! Une donnée importante à savoir sur les énergies est qu'il est très difficile de les stocker. La solution la plus utilisée actuellement est de pomper de l'eau du bas d'un barrage jusqu'à son sommet pour pouvoir la réutiliser plus tard, mais les rendements sont de l'ordre de 20 %.
Le solaire et l'éolien sont des énergies intermittentes, c'est à dire qu'elles produisent de l'énergie de manière discontinue.
Allure de la demande journalière (en haut) et allure d'une production d'énergie solaire (en bas)
Les pays fonctionnent aujourd'hui avec un socle important d'énergie fossile ou nucléaire, qu'ils sont capable de maîtriser afin de répondre à la demande. Mais la production solaire-éolien n'est pas contrôlable. Avec une part trop importante de ce type de production dans le package énergétique, il sera impossible de répondre aux pics de demande et il y a des risque de blackout ! Les allemands, s'ils sont bien plus avancés qu'aucun autre pays dans ce domaine, se heurte à une limite de leur part d'énergie solaire et éolienne.
Conclusion sur le solaire/éolien?
J'ai conscience d'avoir été très critique sur le sujet, mais ces énergies jouissent d'une popularité injustifiées par rapport à d'autres types d'énergie renouvelable.
Cependant, elles présentent quelques avantages : les éoliennes et panneaux solaires sont plutôt simples à installer et ne prennent pas de place, ils rapprochent les sources d'énergie de leurs utilisateurs, et sont donc particulièrement utile pour alimenter des sites isolés. Ensuite dans certains endroits bien localisé on peut atteindre des rendements très intéressant et cet énergie devient alors très compétitives et intéressantes écologiquement.
Enfin, et c'est le point le plus important, la recherche est encore très importantes sur ces énergies. Je peut citer le cas des éoliennes offshore (au-dessus de l'eau) et les hydroliennes (dans l'eau) qui, si elles ne sont pas encore employés industriellement, offrent des résultats prometteurs. On cherche aussi à accroître le rendement des panneaux solaires, ce qui pourrait largement améliorer l'intérêt du système.
- Les autres énergies renouvelables
Faire une liste exhaustive de tout ce qui a été imaginé ses dernières années serait perdu d'avance. Les ingénieurs ont rivaliser d'ingéniosité pour chercher des moyens d’exploiter toutes les énergies de la nature, que ce soit le vent, les vagues, le soleil, la chaleur du sol etc.
On ne parlera pas ici de l'énergie hydraulique qui, même si c'est l'une des énergies la plus propres qui soit, est déjà utilisé presque au maximum de son potentiel.
Tour d'horizons des techniques les plus utilisées et/ou les plus prometteuses.
La géothermie
La géothermie consiste à récupérer la chaleur naturellement présente dans le sol pour produire de l'eau chaude. Les habitants du bassin parisiens sont très concernés : on y atteint rapidement des températures importantes et cet forme d'énergie est donc très intéressante.
Le principe est très simple : on creuse un puit dans lequel on injecte de l'eau froide. On récupère ensuite cette eau réchauffé par la température interne du sol.
La biomasse
Énergie assez peu connue du grand public, alors que c'est la deuxième source de production d'énergie renouvelable en France (après l'hydrolien).
Elle consiste à la combustion de matière d'origine végétale pour produire de l'énergie, comme le bois mais aussi les algues, les champignons etc.
C'est l'énergie renouvelable la plus vieille et la plus utilisée dans le monde. Les États-Unis représentent 30 % de la production mondiale par biomasse.
Brûler des végétaux? En quoi cela peut-il être considérer comme une énergie renouvelable ?
Il est vrai qu'à première vue, la biomasse ne se distingue pas beaucoup de l’énergie fossile. Il y a aussi combustion et rejet de Co2.
La grande différence, c'est le temps. Le pétrole, le charbon ou le gaz naturel sont des ressources qui ont mis des milliers d'années à se former, et le carbone qui les compose était enfermé depuis très longtemps avant que l'homme ne le rejette dans l'atmosphère.
Dans le cas de la biomasse, on ne rejette que le Co2 qui a été capté très récemment par l'organisme durant sa vie. Pour peu que l'on ai planté l'arbre que l'on brûle, le bilan carbone total sera (théoriquement) nul.
La biomasse, énergie d'avenir ?
Très clairement, oui. On améliore toujours plus l'efficacité de la production d'énergie par biomasse qui devient très compétitive.
Y a t-il un revers de la médaille ?
Bien entendue, la biomasse exploite la renouvelabilité rapide des organismes vivants telle que le bois. Mais cette technique ne sera écologique que si elle s'accompagne d'une exploitation très raisonnée de la ressource. Or le bois est d'ors et déjà surexploité à l'échelle mondiale.
Le solaire thermique
J'ai parlé précédemment des réserves concernant le solaire destiné à produire de l’électricité. Cependant, obtenir de l'eau chaude à partir du soleil est beaucoup plus facile. Le rendement d'une installation thermique est de 30 à 40 % de l’énergie reçu, contre environ 11 % pour du solaire électrique. Bref, that's great !
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Le projet Négawatt
Négawatt est un projet français (cocorico) destiné à proposer un scénario énergétique cohérent pour les années à venir afin de se passer d'énergie fossile et de nucléaire. Globalement très optimiste, les prévisions n'en sont pas moins très sérieuses et documentés.
En bleu, besoins spécifiques
en rose, production de chaleur
en jaune vif, transport
en gris, différents types de pertes
Le scénario négawatt se base sur une diminution globale de chaque pôle de dépense d'énergie (représenté en jaune pale sur la deuxième figure)
Le scénario se base majoritairement sur une meilleur utilisation de l'énergie. A titre d'exemple, dans une centrale thermique, seul 30 % de la chaleur produite est utilisée. Des systèmes de co-génération pourrait permettre de récupérer la chaleur résiduelle perdue.
Si le sujet vous intéresse et que vous voulez plus d'information sur le scénario, voici leur site.
Le projet négawatt s'inscrit dans la large gamme des scénarios proposés au gouvernement pour initier sa transition énergétique.
Pour simplifier, deux grands types de scénarios co-existent:
Les "optimistes" comme les projets négawatt ou greenpeace, qui cherche à diminuer la consommation de 50% d'ici 2050 et n'utiliser que des énergies renouvelables.
Les "modérés" qui ne cherche une diminution que de 20% de la consommation mais qui souhaite conserver une part de nucléaire.
D'où la question ...
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...Et le nucléaire dans tout ça ?
Le débat sur le nucléaire reste d'actualité. Avant Fukushima, il provoquait des dissensions au sein même des écologistes.
Le dilemme est le suivant : le nucléaire est aujourd'hui l'une des énergies les plus propres du monde en terme d'émission de Co2 par quantité d'énergie produite.
Oui, mais voilà, le secteur souffre depuis le début de deux problèmes majeurs : il est impossible de garantir une sûreté parfaite des réacteurs (voir mon article), et on ne sait toujours pas gérer efficacement les déchets de nos centrales nucléaires.
Proportion en volume et en niveau de radioactivité des déchets issus de centrale à fission classique.
Cependant, bien maîtrisé, le nucléaire pourrait être un bon moyen à court terme pour limiter les effets du réchauffement climatique.
De plus, des solutions techniques innovantes sont actuellement au stade de recherche afin de tout d'abord limiter et réutiliser les déchets nucléaires (les surgénérateurs ou réacteurs 4ème génération). Ensuite, à long terme, on pourrait espérer maîtriser la réaction de fusion, environ 1000 fois plus énergétique que la fission (voir mon article), qui sur le papier réglerai à la fois les problèmes de déchets et de sureté.
Je ne rentre pas plus dans les détails, j'ai déjà écrit et je réécrirai des articles sur le sujet.
- Économie et politique
Voilà un domaine où je suis bien obligé d'avouer mon total manque de compétence. J'aborderai donc le sujet de manière globale sans sous-estimer son importance.
Commençons quand même par une petite chronologie :
1827. Première description de l'effet de serre
1979. Première conférence mondiale sur le climat à Genève. Il s'agit alors principalement de confronter les travaux des climatologues internationaux.
1985. Première convention (« de Vienne ») pour la protection de la couche d'ozone.
1989-1990 : 2ème conférence sur le climat à la Haye. L’Europe s'engage à stabiliser ses émissions d’ici 2000.
1990 – 2014 : Le GIEC publie 5 rapports, selon l'état actuel des connaissances sur le changement climatique observé et ses conséquences prévisibles à plus ou moins long terme,
1992 : Sommet de la terre à Rio. Instauration de la convention cadre des Nations Unis sur les changements climatiques
1995-2014 : Une vingtaines de conférences des nations unis ont lieu, au rythme d'environ une par an.
1997 : 2ème sommet de la terre à New York (Rio + 5). 1er constat. L’événement est marqué par le désaccord entre l'Union européenne et les États-Unis
6 mois plus tard, instauration du protocole de Kyoto qui engage les pays industrialisés à réduire les émissions en Co2.
2000 : Conférence des Nations Unis à la Haye. Impossible de trouver un accord sur les mesures du protocole de Kyoto. Confrontation entre les états Unis et ses alliés (dont le Japon) et l'Union européenne.
2002 : L'Union Européenne et le Japon ratifie le protocole de Kyoto, suivi en 2004 par la Russie.
2005 : Première réunion à Montréal du suivi du protocole de Kyoto.
2007 : Le 4ème volume du rapport du GIEC établit un diagnostic très alarmant des impacts du changement climatique. Les États-Unis et la Chine se montrent très critiques sur les conclusions de l'étude, et demande le retrait de nombreuses données chiffrées.
La même année, ratification du protocole de Kyoto par l'Australie. Les États Unis sont le seul pays industrialisé à ne pas l'avoir ratifié, encore à ce jour.
2009 : Le sommet de Copenhague s'achève par un accord proche de l'échec. Aucun engagement chiffré sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre n'est trouvé.
2012. Sommet de la terre à Rio (Rio + 20)
Bilan de 20 ans de politique environnemental.
Il est considéré que sur les 90 objectifs prioritaires de 1992, seul 4 ont connus des progrès significatifs.
2014. Sommet sur le climat à Lima. Les pays participant arrivent in extremis à un accord qui servira de base pour la conférence à suivre. Encore une fois, la tentative d'imposer des sanctions au pays ne respectant pas ses engagements aboutit à un échec.
Émergence d'un nouveau type d'opposition, les pays qui clament leur « droit au développement » avec la Chine et l'Inde en tête de liste, actuellement 1er er 4ème plus grands émetteurs de GES.
30 Novembre au 15 Décembre 2015.
Conférence de Paris sur le Climat ! L'avenir se jouera à côté de chez nous !
Il manque surtout un accord global, comportant des engagements clairs et chiffrés qui serait surveillés par une instance internationale indépendante, afin d'accompagner la transition au niveau mondiale. C'est cette accord que l'Europe principalement essaie d'obtenir depuis 10 ans.
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L'importance de la politique économique
Je me répète un peu mais j'insiste sur le fait que des progrès importants ont été fait au niveau local dans de nombreux milieux et qu'il faut persévérer.
La politique est importante parce qu’elle peut permettre l'essor des technologies propres au détriments des plus polluantes. Par le biais de réforme, elle peut condamner les comportements les plus dangereux pour la planète, investir dans des systèmes durables et communiquer sur les gestes à faire.
L'idéal serait d'amener l'économie vers une économie « verte » respectueuse des ressources énergétiques.
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La décroissance
C'est un concept économique dont je sais bien que je ne comprend pas parfaitement la pertinence mais qui sur le papier correspond plutôt bien à l'idéologie de la transition énergétique.
Nous avons une économie sur une croissance ininterrompue. On entend souvent des hommes politiques clamer qu'il faut « relancer la croissance », « éviter la déflation ».
Je n'ai pas l'ambition de m'opposer radicalement au capitalisme, qui a bon nombre d'avantages. Néanmoins cette course en avant tête baissé me paraît très étrange. J'ai l'impression que notre système ressemble à un ballon de baudruche : pour continuer à le faire voler, on souffle continuellement dedans au risque de l'éclater. Alors qu'un nœud bien fait et bien étanche suffirait.
La décroissance n'est pas un mouvement qui prône retour à l'age de pierre. On est dans une société qui favorise la croissance en espérant qu'elle apportera une amélioration du niveau de vie des habitants de la planète. Or avec l'épuisement des ressources, c'est l'effet contraire qui se produit.
La décroissance est donc un mouvement qui lutte contre la consommation abusive et qui vise à diminuer la production des pays les plus développée. Il y a bien sur une différence de traitement entre les pays les plus riches (là où le gaspillage est le plus important) et les pays les plus pauvre où la croissance est nécessaire pour subvenir aux besoins essentiels des habitants.
Une petite vidéo qui explique bien cela
- Et nous dans tout ça ?
La plupart d'entre nous ne construiront jamais un puits de géothermie, et n'auront jamais le pouvoir de convaincre un état de diminuer ses émissions. Personne ne peut changer le monde à lui tout seul.
Et alors ? Doit-on attendre que les grands de ce monde résolvent les problèmes tout seul ? Non. Qu'importe les décisions politiques, qu'importe les progrès de la science, si chacun n'intègre pas une réelle conscience écologique, la transition énergétique est voué à l'échec.
"Sois le changement que tu veux voir dans le monde"
Gandhi
Après cette petite parenthèse philosophique, analysons de façon concrète ce qu'il est possible de faire. Il y a certains conseils évidents, d'autre qui le sont moins. Certains permettent de grandes économies, d'autres sont presque ridicules. L'important n'est pas de se priver, de rejeter massivement le capitalisme et de s'angoisser de sa conduite : l'essentiel est de gagner peu à peu une conscience environnementale qui vous poussera à faire au mieux pour la planète, quel que soit la situation dans laquelle vous vous trouverez.
Consommation
Notre système économique nous pousse à consommer toujours plus, bien au-delà des limites supportables par la planète.
Pour simplifiez : il faudrait consommer (beaucoup) moins et consommer mieux.
Encore une fois, ce ne sont que des conseils, il ne faut pas renoncer à se faire plaisir, juste faire attention.
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Même s'il y a tel ou tel promo sur un vêtement ou tout autre objet, posez vous la question : ai-je vraiment l'utilité d'un 15ème et 16ème pantalon ?
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La viande et le poisson génère énormément de pollution (plus que les transport) et participe à l'extinction de masse de centaines d'espèces. Leur consommation a doublé en 50 ans et pose des problèmes écologique immense. En terme nutritionnel, il n'est absolument pas indispensable d'en manger. Vous pouvez essayer de n'en prendre qu'un repas sur deux par exemple.
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Consommez local et de saison. L'ananas, c'est bon, mais ça a coûté cher en carbone pour le faire venir. Et en préférant les fruits et légumes de saison seulement, vous devriez faire du bien à votre porte monnaie.
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Faîtes attention à la consommation de gaz et d’électricité chez vous. Éteignez les lumières inutiles, ne chauffez que les pièces de vie, optimisez l'utilisation du lave-linge, lave vaisselle etc.
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Dans la même idée, préférer les produits écoénergétique (avec le label « Energy Star »)
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Bouder les sacs plastiques non recyclable et les produits multipliant les emballages.
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Donner une nouvelle vie à vos objets ! Plutôt que de jeter un ordinateur portable défaillant, une lampe ou un pile de bouquins, assurez vous qu'une association ne pourrait pas revaloriser votre objet. Vous pouvez même tenter le bon coin, il y a peut-être des gens intéressé par votre objet qui vous paraissait démodé.
Transport
Le transport est un problème majeur dans les grandes villes, et beaucoup se sont dotés de leur petit nuage de pollution visible même en plein soleil.
Mexico, Paris, Tokyo mais aussi Chamonix (photo) sont des villes où la qualité de l'air est très mauvaise, ce qui cause de nombreux problèmes de santé.
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Favoriser le train et les transports en commun. Le gain en terme de pollution est vraiment conséquent, même si les retards et les foules ne sont pas toujours appréciables.
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Penser aux covoiturages ! On le dit partout mais ce n'est jamais assez. L'habitude est tout de même rentré et les nombreux site de covoiturage fonctionnent à plein régime.
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Le sport, c'est la santé ! Pour un trajet de moins de 30mn, penser au vélo et à la marche.
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De nombreuses alternatives à l'achat d'une voiture existent pour ceux qui en ont peu d'utilité : à Paris, la location d'autolib, sinon, la location ponctuelle à un professionnel ou un particulier.
Travaux
La consommation énergétique des habitats représentent en France près de 44 % de l'énergie totale, et environ 25 % des émissions de Co2. Une part importante de ces dépenses provient du chauffage.
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Ayez une bonne isolation. Avant 1970, on ne s'inquiétait pas beaucoup de la consommation des maisons puisque l'énergie semblait peu chère et inépuisable. Une grande partie des habitat ancien sont donc mal isolé et perde de la chaleur. Pour remédier à ce gaspillage, vous pouvez vous renseigner pour vérifier l'état de votre isolation et trouver des solutions simples pour y remédier. Actuellement, il coûte environ 7 fois moins cher de chauffer une maison basse consommation qu'une maison ancienne moyenne.
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Il est nécessaire de renouveler l'air de la maison pour des raison de santé. Néanmoins, cette ventilation doit être maîtrisé pour éviter la perte de chaleur. Vérifier l'état de vos menuiseries (il ne devrait pas y avoir de courant d'air qui en sorte) et si besoin, il est possible de faire installer une VMC par un professionnel pour faire des économies d'énergie.
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Investissez dans un thermostat ! Il permet de maîtriser votre chauffage et d'économiser beaucoup d'énergie.
Recyclage
Le recyclage est en plein essor et on estime en France qu'environ un déchet sur 2 est recyclé. C'est bien, mais ce n'est pas encore assez !
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Savez vous vraiment ce que l'on peut mettre dans la poubelle « papier » ?
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Pensez au compost ! Beaucoup de ville ont maintenant des composts communaux pour recycler les déchets vert.
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Je me répète mais penser à donner une seconde vie à vos objets ! De nombreuses associations recherchent des téléphones, des ordinateurs, de l'électroménager, des véolos … mais cassé, il le revaloriserons pour le revendre à prix modestes.
En général
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Achetez moins. Les problèmes environnementaux actuelles viennent principalement de notre appétit dévorant. Se limiter à l'essentiel, c'est être écolo.
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Préférez les produits recyclés ou d'occasions. Que ce soit des feuilles de papier ou des pulls fait à partir de bouteille en plastique, la filière du recyclage doit être soutenu par tous !
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Soyez « nature ». Il est pas forcément évident d'abriter une forêt dans un appart' à Paris, pourtant, même en ville, on trouve des jardins communautaires ou vous pouvez exercer votre main verte. Si le jardinage n'est vraiment pas fait pour vous, de nombreuses associations visant à reboiser des secteurs et aider leur écosystèmes ont besoin de votre soutien !
Et surtout, apprécier le monde qui vous entoure. Malgré tout ce que l'on peut entendre ou voir, nous vivons probablement dans une des époques les plus heureuses de l'espèce humaine. Jamais la santé, l'éducation,l'accès aux ressources n'ont été meilleur à l'échelle mondiale qu'aujourd'hui. Bien sur, la situation est loin d'être idéale, et beaucoup de progrès restent à faire, mais sachons profiter de ce beau monde qui nous ai laissé.
La transition énergétique, c'est un état d'esprit. C'est faire en sorte que dans notre vie de tout les jours, nous nous comportions comme les hôtes de la planète, et non ses envahisseurs.
Les jolis bétons
Bonjour !
Aujourd'hui nous allons inaugurer une nouvelle section dans le blog: les articles qui parlent à la fois d'Art et de Génie civil.
Dans cette section je prévois quelques articles parlant d'architectures, mais aussi des choses un peu plus originales comme le sujet du jour: comment faire d'un béton un objet décoratif?
Je vous conseille de commencer par lire mon premier article sur le béton: Les bétons rigolos (un document d'une grande qualité) avant d'attaquer celui là. Après, c'est vous qui voyez, hein. Je vais pas venir vérifier ...
Retour sur la conception d'un Béton
Jolie bétonnière
La dernière fois, je m'étais contenter de donner la liste des ingrédients de l'indigeste gâteau qu'est le béton.
Petite piqûre de rappel, dans du béton on retrouve:
- Du ciment
- De l'eau
- Des cailloux, qui appelle gravier pour les plus gros et sable pour les plus fins.
- Des adjuvants, qui donnent des "super pouvoir" au béton.
Le fait de mélanger ses ingrédients déclenchent des réactions chimiques, qui finissent par la solidification du béton. Bien comprendre les processus mis en jeu permet de faire des choses plutôt rigolotes par la suite.
Le ciment
Le ciment est un liant. C'est l'équivalent des œufs ou de la gélatine dans un gâteau.
Il est composé majoritairement de calcaire et d'argile, on rajoute d'autres éléments (comme de la fumée par exemple) pour des usages particuliers.
Le ciment et l'eau, cette belle histoire d'amour
Le ciment aime l'eau. Il l'aime tellement qu'il suffit de le mélanger avec qu'il va grandir rapidement pour faire des câlins à tous ceux qui l'entourent.
En gros, le ciment c'est la version angélique d'un gremlin
(note pour moi-même, rajouter cette phrase à celles que je ne pensais jamais dire un jour)
Je vous épargne les formules chimiques à rallonge (bonjour, je suis un monosulfo aluminates de calcium) pour ne vous expliquer que l'essentiel du comportement de la pâte de ciment.
1 La phase dormante
Le durcissement ne débute pas dès l'introduction de l'eau dans le ciment. Durant quelques heures, va libérer des éléments dans l'eau sans que ça ne provoque de changement visible. Durant cette période, on peut donc travailler le béton: l'étaler sur une dalle ou en faire un mur par exemple.
2 La prise
C'est maintenant que les choses se gâtent. On observe tout à coup une augmentation de la viscosité de la pâte. Des aiguilles d'étringite se sont formées et grandissent autour de nos cailloux, pour former à terme une matrice rigide
Aiguille d'étringite en expansion
(© Université Libre de Bruxelles)
Cette réaction se produit avec tellement d'entrain qu'elle est très exothermique: c'est à dire qu'elle produit beaucoup de chaleur. A tel point que l'on peut dépasser les 60°C dans le matériau pendant la prise.
3 Et ensuite
La réaction d'hydratation se produit pendant encore trrrèèèsss longtemps, parfois quelques années. Néanmoins, on considère que le béton a quasiment atteint sa résistance optimale au bout d'un mois.
J'avais très envie de mettre un graphe parce que ça fait sérieux et tout et tout.
Après je dois avouer que sa pertinence est contestable.
Et alors?
Arrivé à ce niveau de l'article, je vous entends crier à l'injustice. Je vous promettais de l'art sur du béton, et je vous bassine avec de la chimie insipide. Patience manant, la suite arrive. Mais pour comprendre comment ont été réalisée les œuvres à suivre, il était nécessaire nécessaire de connaître les étapes de la conception d'un béton.
Le béton empreinte
Nous avions parlé dans le premier article de ces caméléobétons, capable de reproduire l'aspect du bois, du marbre et d'un bon paquet d'autres matériaux.
(© artevia)
Le procédé pour ce type de matériaux est très simple. On ajoute tout d'abord dans la composition du béton les colorants et les additifs pour avoir la couleur et le type de surface désiré. Ensuite, on profite du temps de prise pour appliquer un moule sur le béton frais pour lui donner le relief désiré.
Une fois durci, on retire le moule.
Un exemple chez un professionnel.
Le béton photo-gravé
Cette technique fait intervenir un produit qui désactive la réaction chimique se déroulant dans le béton. On crée une membrane imbibé en certains endroit de ce produit et que l'on vient coller sur le béton frais.
Sur les zones en contact avec le produit, la surface est rugueuse et laisse apparaître les graviers tandis que l'on conserve une surface lisse sur le reste du matériau.
Ci-joint un extrait du code du blog
©monbeaubeton.com (ça s'invente pas)
Une nouvelle fois, le site d’un pro.
A savoir qu'en peaufinant un peu cette méthode, (par des lavages soignées et des types de béton bien choisie), on est capable de créer des choses vraiment folles !
L'avantage certains de cette technique est qu'une fois imprimé, l'image est parfaitement stable, contrairement à de l'encre.
Petite galerie photo.
© heringinternational.com
© heringinternational.com
© archiproduct
Le béton "argentique"
Une dernière technique très particulière puisqu'il s'agit de rendre le béton .... photosensible !
En ajoutant les bons ingrédients au béton, on est capable de modifier son comportement et le rendre sensible à la lumière. On appose donc en chambre un négatif sur le béton pendant sa phase de durcissement. Les zones exposées à la lumière vont devenir plus sombres que les autres.
C'est notamment la technique utilisée par l'artiste Marie-Françoise Rouy dans ses travaux.
Béton argentique et feuille d'or
© Marie-Francoise Rouy
Même si le béton est avant tout un matériau de construction et qu'on a l'habitude de le voir gris et morne, les artistes et architectes rivalisent d'ingéniosité pour en faire un outil de création. Si les techniques que je vous ai présentées ne sont encore que peu employées, elle pourrait bientôt faire rentrer l'art dans la ville.
L'art-thérapie
« L’art est beau quand la main, la tête et le coeur travaillent ensemble. »
de John Ruskin
Bonjour !
Après cette petite pause, les articles vont reprendre leurs rythme hebdomadaires (enfin, je vais essayer en tout cas !).
Cette semaine, je vous propose de vous intéresser à une pratique à la mode dans les médecines parallèles, mais dont les origines sont très anciennes: l'art thérapie ! On élargira plus globalement sur les rapports entre l'art et la santé, et sur ce que l'une a apporté à l'autre.
Qu'est ce que l'art thérapie ?
Bon, c'est assez évident mais précisons les enjeux
L'art thérapie consiste à stimuler les capacités créatrices d'une personne par de nombreux biais (peinture, dessin, collage mais aussi théâtre, musique, bricolage ...) afin de s'exprimer facilement et de libérer des sentiments enfouis.
C'est une psychothérapie : elle vise à guérir des problèmes psychologiques telle que des troubles de l'apprentissage, de l'anxiété, de la dépression etc.
Bon évidemment, pour un lumbago ou une fracture ouverte, c'est pas optimal, mais ça permet de s'occuper pendant que vous êtes alités.
Histoire de l'art-thérapie
- La catharsis
Le concept vous est probablement familier. S'il a un peu près autant de définition que d'utilisation, on peut dire qu'il désigne l'état dans lequel on se trouve dans une œuvre d'art: une représentation théâtrale, un tableau, un film. Quelque fois, l'œuvre peut libérer des sentiments et provoquer du plaisir.
En premier lieu, Aristote considérait que la catharsis permettait de libérer des pulsions mauvaises lorsque les spectateurs en voyait les conséquences désastreuses lors d'une tragédie.
- La genèse
Bien longtemps après, quelques hommes avisés s'intéressèrent aux réalisations de patients d'hôpitaux psychiatriques. Ils remarquèrent que certains patients était demandeurs d'une activité créatrice et que cette dernière avait tendance à calmer leurs pulsions. Le lien entre "création" et "bien-être" était fait.
Irren-Anstalt Band-Hain par Adolph Wolfli
Un des "fous" les plus prolifique puisqu'il a laissé plus de 1600 dessins et 1500 collages.
- Le mouvement thérapeutique
En 1950 a lieu la première exposition internationale d'art psychopathologique (réalisé par des patients atteints de troubles mentaux) à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris.
De nombreux médecins s'emparent des études afin de pouvoir s'en servir pour leurs patients. S'ensuit de nombreux études en psychanalyse et pédopsychiatrie notamment, afin de montrer l'intérêt dans la création comme médium. Elles ont révélé des effets bénéfiques pour les conditions de vie pour les personnes âgées, contre le stress et l'anxiété, contre les effets de traumatisme et pour les personnes atteintes de schizophrénie.
- Et aujourd'hui
Il existe en France une Ligue Professionnelle d'Art thérapie et des certifications délivrées par l'état. La technique est de plus en plus répandue et proposée dans les hôpitaux, centre de rééducation et centre de réadaptation.
Principe de l'art-thérapie
Le thérapeute va guider le groupe en vue de trois objectifs:
- Inciter la personne à s'exprimer, que ce soit directement avec le groupe ou le thérapeute ou de façon indirecte via la création.
- Réussir à porter l'attention sur un objet (l'œuvre) et lui donner une structure.
- Inciter à la réflexion sur la réalisation afin d'en dégager des sentiments, des émotions.
Art-Thérapie à l'hôpital Bretonneau
© Aphp
Le guide de passportsanté.net donne une très bonne description de la technique:
"Une séance d'art-thérapie se déroule individuellement ou en groupe, dans un endroit convivial qui ressemble plus souvent à un atelier d'art qu’à un cabinet de thérapeute. Avant d'entreprendre le travail de création, le thérapeute cherche à définir les motifs et les objectifs qui amènent le participant à suivre une thérapie afin de mieux le guider. Puis, il lui donne des conseils d'ordre technique relatifs aux matériaux choisis et l'encourage à s'exprimer en représentant visuellement ce sur quoi il a décidé de s'investir.
Bien que l'art-thérapie comporte une dimension verbale, le travail d’expression artistique demeure central à la démarche. C'est l'image qui sert de fil conducteur. Par exemple, la personne qui suivrait une thérapie dans le but de résoudre une relation conflictuelle pourrait, au départ, « peindre la douleur » qu'elle ressent. Graduellement, elle parviendra à peindre un tableau renouvelé de la situation et pourra finalement voir se dessiner une solution inédite.
Au début, cela peut paraître difficile à cause de notre tendance à analyser le moindre de nos gestes. Mais peu à peu, guidé par le thérapeute, on en vient, à force d'exercices, à s'exprimer plus librement. C'est en observant la manière de structurer l'espace, de disposer les formes, d'utiliser les couleurs, d'associer les idées qu'on parvient à donner un sens à sa création et à s'en inspirer pour effectuer les changements désirés dans sa vie."
Mais pourquoi je vous raconte tout ça?
Vous vous sentez peut-être à des années lumières de ce type de méthode, et en effet, il est très probable que vous n'ayez jamais recours à ce genre de thérapie.
En tant que peinturlureur à mes heures perdues, j'ai eu droit 100 fois à ce genre de remarque:
"Oui, c'est cool, mais moi je sais pas dessiner",
"J'ai pas le temps, moi, avec mon sport et mon boulot",
"T'as de la chance, t'as du talent !"
- Le "talent"
Bon, déjà, cette argument a tendance à m'irriter. On ne va pas dire à un marathonien qu'il est talentueux, mais plutôt qu'il s'est bien entraîné !
Peinture (et oui!) hyperréaliste de Linnea Strid
A ceci près que l'art ne se limite pas à son aspect technique, mais aussi à la grande part laissée à l'imagination. A bas le couple archiconnu papier + crayon ! Si votre technique ne vous permet pas des folies, pourquoi ne pas faire des collages, du papier mâché, des sculptures en terres, du graff, des pochoirs et j'en passe !
J'y reviendrai quand je parlerai d'art conceptuel, mais l'art moderne a bien compris cet adage. Pourquoi se fatiguer à dessiner parfaitement la réalité alors qu'il y a des moyens plus simple de représenter un imaginaire beaucoup plus intéressant, sans limite, peuplé d'idées, d'émotions, de messages ...
- La peur de l'œuvre
Dans la plupart des arts, et surtout en peinture, on s'attache beaucoup trop à l'œuvre finale. On a diviniser l'objet, tout en oubliant petit à petit qu'un jour, un homme a griffé la toile du haut de son pinceau.
On a l'image du peintre de métier qui vend ses toiles à des prix d'or dans une galerie. On a l'image des grandes toiles qui ornent le dessus des buffets des vieilles maisons bourgeoises. Je ne critique pas cela, il est difficile de vivre d'un art et c'est donc admirable.
Mais pour nous, petits créateurs de l'ombre, qui n'auront pas notre place à Orsay ou à Pompidou, l'intérêt de la création n'est-elle pas ailleurs?
La création n'est pas un don, c'est un besoin.
C'est le seul moyen de se parler à soi même.
C'est l'essence de l'imagination.
C'est la recherche de la beauté.
Je suis Charlie
Traiter tout autre sujet me paraîtrait dérisoire, j'ai conscience de ne rajouter qu'une petite pierre parmi tant d'autre, mais c'est nécessaire pour créer l'immense montagne de soutien que l'on pourra voir des quatre coins du globe.
C'est aussi des artistes qui ont été exécutés hier, au nom d'un prophète qui doit avoir envie de se crever les yeux une nouvelle fois.
On n'appréciait pas forcément l'humour de Charlie Hebdo, mais cela ne justifie à rien cette agression.
"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire"
Voltaire.
Comme des millions d'autres, je me joins à la vague de solidarité pour adresser ma compassion aux proches des victimes.
Je voudrai aussi apporter mon soutien:
- Aux millions de musulmans à travers le monde qui prônent l'amour à travers leur foi et dont ce nouvelle acte nourrit un amalgame blessant.
- A la presse frappée en son cœur qui malgré la perte d'amis chers n'a pas cessé de prendre sa plume.
- A la police, encore une fois en première ligne, pour leur courage et leur dévouement.
- Aux milliers de manifestants à travers le monde, qui n'ont pas eu peur de faire front ensemble.
Comment réagir à ce déferlement de haine, à cet acte barbare, à cette absence totale d'humanité ?
Je n'ai pas la réponse malheureusement, la seule chose que je sais c'est que l'on ne peut réagir que sans arme, ni violence, ni haine.
Sans arme, puisque personne n'a jamais gagné une guerre. Au contraire, en combattant un ennemi, on l'unit et on nourrit ses idéaux. J'en prend pour exemple le formidable élan unanime de compassion quelques heures après la drame, réunissant des gens de toutes origines, religions ou partis politiques.
Sans violence, pour ne pas provoquer d'escalade. La colère est légitime, mais inutile et dangereuse.
Sans haine, puisque souhaiter la mort de terroristes revient à rejoindre leurs modes de pensée. On ne peut pas réagir de façon passionnelle contre l'atrocité.
"La violence est le dernier refuge de l'incompétence"
Isaac Asimov.
Alors quitte à passer pour un hippie déluré, je voudrais passer un message d'amour contre ce cri de haine:
A ceux qui ont perdu un mari, un frère, un ami et qui souffre en silence, je vous aime.
Aux communautés blessés, ami musulmans, policiers, journalistes, je vous aime.
A ceux qui ont ri en lisant Charlie Hebdo, et à ceux qui ne l'ont pas fait, je vous aime.
A ceux qui croit en un dieu, en une multitude, ou qui n'y croit pas, je vous aime.
A ceux qui prennent les armes pour leurs idéaux, et à ceux qui les posent à terre pour les leur, je vous aime.
A ceux qui endure ce type d'acte presque chaque semaine dans leur pays, je vous aime.
A ceux qui ont perpétré ces attentats, je vous plains. Mais quelque soit votre haine, votre rancœur ou vos idéaux, vous ne m'empêcherez pas de vous dire que je vous aime.
Je vous invite à participer à la marche républicaine (à priori prévu dimanche).
https://www.facebook.com/events/1026405250709751/?pnref=story
Mise à jour du 17/01/2015
Il y a encore beaucoup de choses à dire sur les 10 jours qui ont suivi l'attaque, mais les journalistes et analystes ont probablement un avis beaucoup plus pertinent que le mien. Néanmoins, je vous encourage à lire ses avis et à continuer ce beau mouvement d'union pour que ce ne soit pas qu'un coup d'épée dans l'eau.
Je met à suivre quelques dessins réalisés pour le journal du campus et quelques liens intéressants.
Un dessin de Benoit Lebeaupin dont j'aime bien le message
Si votre crayon vous démange et que vous avez envie de réaliser un dessin ou une caricature, n'hésitez pas à me l'envoyer à delartetdubeton@laposte.net. Je les publierai à la suite.
Quelques liens:
Les limites de la liberté d'expression
Archive du monde diplomatique sur ce type de terrorisme
Une petite BD très bien faîte pour expliquer l'attentat aux enfants.