Les jolis bétons
Bonjour !
Aujourd'hui nous allons inaugurer une nouvelle section dans le blog: les articles qui parlent à la fois d'Art et de Génie civil.
Dans cette section je prévois quelques articles parlant d'architectures, mais aussi des choses un peu plus originales comme le sujet du jour: comment faire d'un béton un objet décoratif?
Je vous conseille de commencer par lire mon premier article sur le béton: Les bétons rigolos (un document d'une grande qualité) avant d'attaquer celui là. Après, c'est vous qui voyez, hein. Je vais pas venir vérifier ...
Retour sur la conception d'un Béton
Jolie bétonnière
La dernière fois, je m'étais contenter de donner la liste des ingrédients de l'indigeste gâteau qu'est le béton.
Petite piqûre de rappel, dans du béton on retrouve:
- Du ciment
- De l'eau
- Des cailloux, qui appelle gravier pour les plus gros et sable pour les plus fins.
- Des adjuvants, qui donnent des "super pouvoir" au béton.
Le fait de mélanger ses ingrédients déclenchent des réactions chimiques, qui finissent par la solidification du béton. Bien comprendre les processus mis en jeu permet de faire des choses plutôt rigolotes par la suite.
Le ciment
Le ciment est un liant. C'est l'équivalent des œufs ou de la gélatine dans un gâteau.
Il est composé majoritairement de calcaire et d'argile, on rajoute d'autres éléments (comme de la fumée par exemple) pour des usages particuliers.
Le ciment et l'eau, cette belle histoire d'amour
Le ciment aime l'eau. Il l'aime tellement qu'il suffit de le mélanger avec qu'il va grandir rapidement pour faire des câlins à tous ceux qui l'entourent.
En gros, le ciment c'est la version angélique d'un gremlin
(note pour moi-même, rajouter cette phrase à celles que je ne pensais jamais dire un jour)
Je vous épargne les formules chimiques à rallonge (bonjour, je suis un monosulfo aluminates de calcium) pour ne vous expliquer que l'essentiel du comportement de la pâte de ciment.
1 La phase dormante
Le durcissement ne débute pas dès l'introduction de l'eau dans le ciment. Durant quelques heures, va libérer des éléments dans l'eau sans que ça ne provoque de changement visible. Durant cette période, on peut donc travailler le béton: l'étaler sur une dalle ou en faire un mur par exemple.
2 La prise
C'est maintenant que les choses se gâtent. On observe tout à coup une augmentation de la viscosité de la pâte. Des aiguilles d'étringite se sont formées et grandissent autour de nos cailloux, pour former à terme une matrice rigide
Aiguille d'étringite en expansion
(© Université Libre de Bruxelles)
Cette réaction se produit avec tellement d'entrain qu'elle est très exothermique: c'est à dire qu'elle produit beaucoup de chaleur. A tel point que l'on peut dépasser les 60°C dans le matériau pendant la prise.
3 Et ensuite
La réaction d'hydratation se produit pendant encore trrrèèèsss longtemps, parfois quelques années. Néanmoins, on considère que le béton a quasiment atteint sa résistance optimale au bout d'un mois.
J'avais très envie de mettre un graphe parce que ça fait sérieux et tout et tout.
Après je dois avouer que sa pertinence est contestable.
Et alors?
Arrivé à ce niveau de l'article, je vous entends crier à l'injustice. Je vous promettais de l'art sur du béton, et je vous bassine avec de la chimie insipide. Patience manant, la suite arrive. Mais pour comprendre comment ont été réalisée les œuvres à suivre, il était nécessaire nécessaire de connaître les étapes de la conception d'un béton.
Le béton empreinte
Nous avions parlé dans le premier article de ces caméléobétons, capable de reproduire l'aspect du bois, du marbre et d'un bon paquet d'autres matériaux.
(© artevia)
Le procédé pour ce type de matériaux est très simple. On ajoute tout d'abord dans la composition du béton les colorants et les additifs pour avoir la couleur et le type de surface désiré. Ensuite, on profite du temps de prise pour appliquer un moule sur le béton frais pour lui donner le relief désiré.
Une fois durci, on retire le moule.
Un exemple chez un professionnel.
Le béton photo-gravé
Cette technique fait intervenir un produit qui désactive la réaction chimique se déroulant dans le béton. On crée une membrane imbibé en certains endroit de ce produit et que l'on vient coller sur le béton frais.
Sur les zones en contact avec le produit, la surface est rugueuse et laisse apparaître les graviers tandis que l'on conserve une surface lisse sur le reste du matériau.
Ci-joint un extrait du code du blog
©monbeaubeton.com (ça s'invente pas)
Une nouvelle fois, le site d’un pro.
A savoir qu'en peaufinant un peu cette méthode, (par des lavages soignées et des types de béton bien choisie), on est capable de créer des choses vraiment folles !
L'avantage certains de cette technique est qu'une fois imprimé, l'image est parfaitement stable, contrairement à de l'encre.
Petite galerie photo.
© heringinternational.com
© heringinternational.com
© archiproduct
Le béton "argentique"
Une dernière technique très particulière puisqu'il s'agit de rendre le béton .... photosensible !
En ajoutant les bons ingrédients au béton, on est capable de modifier son comportement et le rendre sensible à la lumière. On appose donc en chambre un négatif sur le béton pendant sa phase de durcissement. Les zones exposées à la lumière vont devenir plus sombres que les autres.
C'est notamment la technique utilisée par l'artiste Marie-Françoise Rouy dans ses travaux.
Béton argentique et feuille d'or
© Marie-Francoise Rouy
Même si le béton est avant tout un matériau de construction et qu'on a l'habitude de le voir gris et morne, les artistes et architectes rivalisent d'ingéniosité pour en faire un outil de création. Si les techniques que je vous ai présentées ne sont encore que peu employées, elle pourrait bientôt faire rentrer l'art dans la ville.