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De l'art et du béton

Divers


Retraite méditative

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Les illustrations de cet article sont tirés des photos de Yves Duval, que vous pouvez retrouver ici: http://www.yvesduval-photo.net/

 

Pour le retour du blog, un article bien différent des autres. Il ne parlerait ni d'art, ni de béton (mais bon c'est mon blog, je suis hors sujet si je veux!) mais racontera la retraite que j'ai effectuée Noël dernier dans un centre de méditation dirigé par un groupe bouddhiste.

 

Vu comme ça, cela peut paraître étonnant : je ne cherche pas à faire l'apologie d'une religion, mes convictions personnelles ne concernent que moi. Cependant, dans un cadre laïque, il y a beaucoup d'enseignements qui gagneraient à être partagés. De plus, c'est une ouverture d'esprit intéressante : la chrétienté et la philosophie occidentale sont des jalons tellement inébranlables de notre culture que la découverte d'une autre vision du monde ne peut être que grandement enrichissante.

 

Cette retraite était destinée à des personnes de toutes croyances et courants de pensée. La philosophie et la religion bouddhiste (deux concepts très liés) ont cette particularité d'être enseignées de façon complètement non-dogmatique. Les enseignements sont destinés à approfondir notre vision du monde, et non à s'y substituer. Je vais les résumer de la façon dont ils nous ont été présentés, cependant il ne faut pas hésiter à prendre du recul, et se faire sa propre opinion sur chaque thème abordé. Ce n'est donc pas une religion que je vous présente aujourd'hui, c'est un mode de pensée issu d'une religion. Et même si on y adhère pas forcément, (personnellement, certaines aspects me gênent profondément) , c'est une façon de revoir notre vision du monde que l'on pouvait croire universelle et c'est à pas en avant dans la compréhension d'un pan de la culture orientale.

 

Pour présenter un peu le lieu : la retraite a eu lieu au centre Kadampa, près du Mans, dans un château réhabilité pour accueillir au maximum une centaine de personnes.

 

 


Château du centre Kadampa 

 

C'est un centre géré de façon communautaire : le minimum de personne s'occupe de l'administration à l'année, et toutes les tâches quotidiennes (ménage, repas (végétarien bien sur!)) sont gérées directement par les résidents. Il est possible de résider gratuitement dans le centre contre certaines heures de travail, les résidents payant pouvant mettre la main à la pâte de temps en temps bénévolement.

 

Chaque jour, quatre enseignements, portant sur environ un thème par jour, nous étaient proposés par un moine. Celui-ci n'était pas vraiment tibétain : il était auparavant commercial en France et à décidé, du jour au lendemain de se consacrer à la spiritualité. Le dialogue était plus simple, puisqu'il faisait régulièrement le pont entre le mode de pensée occidentale et la vision bouddhiste.

 

Je vais vous présenter du mieux que possible ce qui a été dit.

 

 

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Petite introduction aux concepts bouddhiques.

 

Les premiers enseignements étaient dédiés à une introduction à certains concepts bouddhistes et une initiation à la méditation. Je vais donc commencer par donner des clés qui seront utiles pour comprendre certaines explications.

 

Le bouddhisme, comme l'hindouisme, est une religion qui prône la réincarnation. Dans la plupart des courants de pensée, l'homme se réincarne dès sa mort dans un nouveau née ou un animal. Le respect de chaque forme de vie est donc très présent.

 

Il y a trois mots qui sont récurrents dans la pensée bouddhiste : le karma, le nirvana et le samsara.

S'il est complètement illusoire de tenter de vous expliquer ces termes en quelques lignes, je peux essayer de vous en donner une définition approchée qui est à mille lieux du sens qu'on leur a donnés en France.

 

Le samsara pourrait être traduit par « le cycle continu des souffrances ». Rien de bien folichon donc, il désigne tout simplement nos existences, vouées à la souffrance, et piégé dans le cycle infini des réincarnations.

 

Le karma est très grossièrement un « compteur » de la valeur de notre âme. Chaque action vertueuse vient enrichir notre karma, chaque mauvaise action le déprécie. C'est la seul chose qui nous suit lors du cycle des réincarnations. Une conséquence pas forcément simple à accepter du karma est que nul événement n’apparaît sans cause. Une grande fortune ou une maladie incurable est le fruit de karma négatif ou positif accumulé lors de vie antérieur. Inversement, une personne vertueuse accumulera du karma qui ne lui sera bénéfique que lors d'existence future.

 

Le nirvana est l'aboutissement du samsara. Lorsqu'une personne a enrichi son karma jusqu'à devenir pure (elle a alors atteint l'illumination), elle atteint le nirvana, le seul lieu exempt de souffrance. Les êtres ayant atteint l'illumination sont appelés des Bouddhas.

 

C'est une des particularités les plus notables du bouddhisme, l'absence de déités. En effet, on ne loue que les Bouddhas, auparavant simple mortel, en tant que modèle de sagesse. Et on ne prie pas, on médite. Ce qui m'amène au deuxième point, qu'est que la méditation.

 

 

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La méditation

 

Il ne faut pas confondre méditation et relaxation. Même si mes quelques expériences m'ont montré qu'il était parfois très rapide de s'assoupir lors de séance guidé, une méditation réussie est une méditation en pleine conscience et peut même être un exercice plutôt fatiguant !

 

La notion clé pour réussir une méditation, et en général pour agir sur sa personne est la concentration. L'objectif est de réussir à observer et décrire ce qui se passe à l'intérieur de notre être afin de limiter les états négatifs qui nous habitent et les remplacer par des états positifs.

Les états négatifs sont plus ou moins ce que nous appelons « péchés », mais aussi d'autres notions comme l'attachement. J'y reviendrai.

 

La concentration se porte sur des objets. Le plus connu, et le plus utilisé pour des méditations laïques est tout simplement le souffle. C'est un outil simple et efficace : il suffit de porter toute son attention sur le cycle des expirations/inspirations et de laisser filer les autres pensées. Et pourtant, pour un novice, tenir ne serait-ce que quelques minutes libre de toutes pensées parasites peut-être très difficiles.

 

La respiration est un objet neutre : c'est à dire qu'elle n'est ni vertueuse, ni mauvaise. La spécificité de l'école de pensée où j'ai effectué ma retraite est l'enseignement des méditations ciblés. L'exercice du souffle n'est alors qu'un échauffement pour une méditation plus profonde en focalisant son attention sur un objet vertueux, dans le cas présent une notion abordée lors de la séance.

 

Dans ce qui suit, je vous dresserai donc un panel des notions sur lesquelles nous nous sommes interrogés.

 

 

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Les « perturbations mentales »

 

J'ai parlé rapidement des « états négatifs ». Ceux-ci représentent tout les comportements qui nous éloignent des autres, nous rendent moins attentif et moins généreux. Parmi eux, on peut retenir la colère, l'attachement, ou l'ignorance.

 

La colère nous « manipule ». La conscience s'échappe, nos actions ne sont plus le fruit de notre véritable nature (voir chapitre suivant).

Matthieu Ricard donnait l'exemple d'un homme qui en frapperai un autre avec un bâton ; personne n'accuserait le bâton d'avoir commis un crime : il n'a été qu'un outil. Et bien le bras de l'agresseur, et son corps tout entier n'ont été eux aussi que des outils pour effectuer un mal. La seule fautive, et le seul élément sur lequel il faut agir pour éviter que l'acte ne se reproduise, c'est la colère de l'agresseur, qui est distincte de sa personne.

 

On ne considère couramment pas l'attachement comme un défaut, et pourtant il est la source de nombreux maux. L'attachement excessif focalise notre attention sur une zone restreinte. Un être pur a pour objectif d'être capable d'aimer sans distinction absolument tout le monde.

De plus l'attachement nous donne tendance à idéaliser l'objet de notre amour, ce qui génère frustration, déception et donc souffrance.

 

Enfin, de façon évidente, nous n'accordons de l'importance qu'à un nombre très limité de personne, et ignorons tout les autres.

 

Ces trois états négatifs définissent toutes nos relations, et montrent à quel point elles sont déséquilibrées. Pour développer un amour pur, il faut se délester de l'aversion, de l'attachement et de l'ignorance et considérer chaque être à la même valeur.

 

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Notre véritable nature

 

Pour le Bouddhiste, l'amélioration de nos conditions de vie passe tout d'abord par l'amélioration de soi plutôt que des données extérieures. L'esprit et le corps sont liés.

 

Pour simplifier, j'utiliserai le terme défaut pour signifier les « états négatifs » dans ce qui suit.

 

Il est nécessaire de se rendre compte de ses défauts pour progresser. La véritable nature d'un être est comparable à une pépite d'or noyée dans de la boue. Notre véritable nature est enfoui en chacun de non, inaltérable, belle et éclatante. Mais l'épaisseur de la boue, (de nos défauts), qui l'entoure nous empêche de faire profiter nos proches de son éclat.

 

Il existe donc un potentiel d'amour et de sagesse chez chacun, qui apparaîtra en travaillant sur les défauts qui pervertissent la vision que l'on a de nous.

 

Une autre image assez parlante assimile notre véritable nature à de l'eau claire et nos défauts à la poussières et à la boue qui la troublent.

 

La leçon fondamentale est de retenir que nos défauts ne nous caractérisent pas, mais nous devons avoir conscience de leurs existences pour les faire disparaître.

 

 

Affection et équanimité

 

 

Nous allons approfondir la notion d'affection et la recherche de l'équanimité (accorder à chaque être un amour égal).

 

Nos défauts (affection, aversion et ignorance) bloque notre capacité à développer un amour sincère, c'est à dire un amour généreux, sans attente et universelle. L'idée de l'équanimité est de créer une attitude chaleureuse, qui ne soit pas déséquilibré par nos défauts.

Cela inclus donc de ne considérer personne comme un ennemi, mais même la notion d'ami est superflue pour un être parfait. Nos défauts nous donnent une projection erronée des gens que nous rencontrons : un tel semblera plaisant, un autre semblera détestable, et un grand nombre de personne ne nous renverra que de l'indifférence. Afin de faire grandir son amour, il est nécessaire de se rendre compte que la projection qu'une personne nous envoie ne dépend que de nos propres défauts et que chacun possède un potentiel de bienveillance.

 

Afin de développer une bienveillance universelle envers chacun, le bouddhisme utilise une image qui semblera surprenante à nous occidentaux : puisque nous nous sommes réincarnés un nombre infini de fois, alors dans nos existences passées ou à venir, chacun d'entre nous a été un jour la mère de l'autre. L'amour d'une mère pour son enfant est le symbole de l'amour parfait et universelle. Cette image a pour objectif de rapprocher chacun d'entre nous, nous ne sommes pas étrangers les uns aux autres puisqu'un lien de parenté fort nous a unit un jour.

 

Cependant, il est facile d'oublier l'amour que l'on a reçu, ou de croire qu'il nous était dû. Il faut tâcher d'oublier ces fausses idées afin d'être capable de rendre la bonté dont on a profité durant notre existence actuelle et toutes celles passées.

 

Afin d'aider au mieux ceux qui nous entoure, il est nécessaire de prendre conscience que chacun est en partie aveugle d'un point de vue spirituel, et que cette ignorance est source de souffrance. En devenant soi-même quelqu'un de meilleur, en rendant la bonté que l'on a reçu lors de nos existences antérieurs par nos mères et notre entourage, on sera capable de conduire les autres vers moins de souffrances.

 

Par l'expression de l'équanimité, on crée beaucoup d'énergie positive, qui par le principe du karma, sera la cause de beaucoup d'amour à venir.

 

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L'aversion

 

L'aversion est ici l'antithèse de l'affection. Pour des raisons diverses, parfois même de façon totalement arbitraire, on crée un rejet ou de la colère envers une personne en particulier.

 

Si la simple apparence d'une personne nous la fait apparaître désagréable, c'est qu'on a tendance à se focaliser de manière inapproprié sur certaines caractéristiques, sans considérer la personne dans son ensemble.

 

Un exemple qui nous avait été donné et que j'avais bien aimé : à la fille d'attente d'une caisse de supermarché, une cliente peine à payer avec sa carte bleu. Si elle jette un œil sur les personnes derrière elle, elle aura principalement droit à des regards agacés et des gestes impatients, ce qui a pour effet d'accentuer l'inconfort de la situation. Les personnes dans la queue ne déteste pas celle qui a des problèmes pour régler ses courses, mais ils refusent de lui accorder leur compassion puisqu'elle nuit à leur propre confort, qui dans le cas présent serait d'attendre le moins possible.

 

L'aversion n'est donc pas forcément synonyme de dispute, il se rencontre dans des situations courantes et qui peuvent sembler anodines.

 

Pour la combattre, il est nécessaire de prendre de la distance sur ce sentiment : pourquoi la ressent-on ? La personne est face de moi est-elle intrinsèquement désagréable, ou n'est ce pas ma perception erronée qui me le fait croire ?

 

 

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La compassion

 

Quand on se retrouve devant quelqu'un que l'on aime et qui souffre, nous ressentons une partie de sa douleur et souhaitons que celle-ci cesse : c'est le compassion.

 

L'illumination passe par une compassion sans limite et universelle, une générosité infinie. Seul cela peut mener à une cessation de la souffrance définitive. Après être devenu un être pur, exempt de tout état négatif, l'ultime étape avant de devenir bouddha est de s'offrir au monde, par compassion. Il faut d'abord être en paix avec soi-même pour espérer aider les autres à progresser dans leurs existences.

 

Les actions extérieurs ne suffisent pas à créer du karma positif. Les actions humanitaires, les offrandes, les coups de main doivent être empreint d'une compassion profonde et sincère, sinon elle ne permettrons pas à long terme d'endiguer la souffrance.

 

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L'égocentrisme

 

Nous sommes une civilisation égocentriste. L’éducation, l'économie, le travail, les médias participent à l'illusion de nous faire croire indépendant et de première importance.

 

Nous avons une image de nous-même, tout ceux qui nous entoure ont une image différente de nous et aucunes de ses perceptions ne sont vraies ou fausses. Nous avons tendance à nous idéaliser ou au contraire nous déprécier, alors qu'aucun individu n'a plus de valeur qu'un autre.

 

La préoccupation de soi ne peut conduire à des états d'esprit positifs. S'il est nécessaire de s'occuper de soi, en terme de santé, d'hygiène, de revenus … afin d'être capable de venir en aide aux autres, la préoccupation excessive de soi nous isole et biaise nos rapports à l'autre.

 

Pour rééquilibrer notre vision, nous devons affaiblir l'attachement que nous avons de nous-même : la liberté des autres est aussi importante que la nôtre, les autres sont aussi importants que nous.

On peut reprendre l'exemple de la file d'attente : l'angoisse de la personne qui n'arrive pas a payer n'est pas moins important que notre impatience, et il convient donc d'éviter d'accroître son malaise.

 

En agissant pour rendre heureux les autres, et en essayant de les comprendre, de réaliser ce qui est important à leurs yeux, on crée des connexions qui nous apportent autant de bonheur qu'ils en apportent à ceux qui nous côtoient.

 

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Bonus : la méditation.

 

J'ai dit au début de ce texte que chaque notion abordé était suivi d'une méditation. Il s'agissait d'une méditation guidé par le moine qui animait la séance.

 

Il est très difficile de commencer la méditation en autodidacte. On la perçoit souvent de façon erronée ou au mieux floue. Ce serait comme tenter de tirer à l'arc sans connaître ni la posture, ni la façon de tenir la corde, il serai long et fastidieux de parvenir ne serait-ce qu'à toucher la cible.

 

La méditation est très différente de la prière (sans jugement de valeur envers l'un ou l'autre). D'ailleurs, dans de nombreux cas, sa pratique peut être laïque. En sophrologie notamment, elle est utilisée pour apaiser des souffrances physiques ou mentales.

 

Dans le cadre de cette retraite, les séances de méditations guidés étaient organisées de la façon suivante :

 

* Nous commencions par quelques chants (pour créer une atmosphère propice, même s'il y a une connotation religieuse là dedans).

* Ensuite nous débutions la méditation sur l'objet neutre qu'est le souffle, afin d'apaiser l'esprit et le préparer à la concentration.

* Puis nous focalisions notre attention sur différents aspects de la notion abordée pendant la séance, par exemple lorsque nous parlions de rendre la bonté reçue :

> On commence par éloigner la colère ou l'attachement dont nous avons fait l'expérience par le passé

> Puis nous pensons à la bonté de notre mère

> Nous intégrons ensuite l'idée que les mères de nos existences antérieurs nous ont aussi accorder cette bonté

> Nous reconnaissons l'amour reçu, et réfléchissons aux manières de le rendre.

* De la même façon, la fin de la méditation se termine par des chants traditionnels.

 

L'exercice de la méditation a des similitudes avec celui d'un sport. Un novice telle que nous avions du mal à conserver notre concentration plus que quelques minutes, tandis que les plus aguerris peuvent demeurer des heures dans la concentration la plus totale.

 

Très rapidement, des pensées parasites viennent vous perturber, des souvenirs qui réapparaissent, un détail d'un voisin devant vous, une irritation physique. La clef du succès est de ne pas s'opposer à ces pensées, mais au contraire de les laisser passer, rechercher l'apaisement pour pouvoir reprendre la méditation. L'autre risque est la somnolence, ce qui implique de trouver une position adapté, de garder les yeux ouverts ou mi-clos, et de ne pas baisser son attention.

 

C'est très dur de retranscrire par écrit ces temps, c'est une expérience qu'il vaut mieux vivre. Étonnement, une séance de méditation réussi peut être vraiment fatigante, tout en accordant un apaisement très agréable.

 

 

Bonus 2 : Questions / Réponses

 

Si vous en êtes arrivé jusque là, vous avez dû remarquer que je n'ai pas été critique envers les enseignements qui nous ont été proposés, et ce n'est pas parce que j'y adhérai totalement. Comme je le disais au début, il n'y avait pas la volonté de faire du dogmatique, mais plutôt proposer une autre façon de penser pour enrichir notre vision, sans pour autant nous demander d'abandonner l'ancienne.

 

C'est un aspect de cette retraite qui m'a beaucoup plu. A cet effet, chaque soir était proposé un temps de question/réponse où chacun était libre de partager ses interrogations. Voici un résumé de quelques questions posés.

 

Quelle est la différence entre l'attachement et l'amour ?

 

L'attachement est le fait d'aimer pour ce que l'autre nous apporte, et non pour son bien. Un amour pur est sans attente pour soi-même, il veut juste que l'autre soit heureux.

 

La peur est-elle un état négatif ?

 

La peur et l'anxiété (hors du cadre des maladies) est un symptôme de l'attachement. La préoccupation excessive de nous même crée de la souffrance.

 

Comment fonctionne le karma, comment expliquer les épidémies, les accidents etc. ?

 

[rappel, le bouddhisme ne reconnaît pas la notion de hasard. Chaque événement à sa cause qui le précède via le karma. C'est une vision qui diffère beaucoup du mode de pensée occidental et qui peut être difficile à accepter]

 

On peut assimiler les actions que nous menons comme des graines de karma positifs ou négatifs. Ces graines mûriront probablement dans une autre de nos existences, et aboutiront à des conséquences joyeuses ou négatives. Dans le cadre d'un accident impliquant un grand nombre de personne, celles-ci ont créé dans des vies antérieurs un karma de groupe qui a conduit à ces sinistres aujourd'hui.

 

Peut-on atteindre l'illumination de façon laïque?

 

Le bouddhisme reconnaît la valeur de nombreux prophètes ou figure d'autres religions telle que le pape, Mahomet, Jésus etc...

Le Dalaï-lama a d'ailleurs beaucoup fait pour unir les représentants des différentes religions du globe. Si la manière de faire est différente, le bouddhisme considère que chacune des principales religions poursuit les mêmes objectifs.

L'adhésion au principe religieux guide la pensée, même si elle n'est pas nécessaire pour faire de quelqu'un un homme bon et épanoui, l'illumination ne peut pas être atteinte sans avoir conscience de ses différentes vies, de la vacuité et de l'action du karma.

 

 

Il y aurait encore beaucoup de chose à dire, mais je pense que ces quelques lignes vous donne un petit aperçu de ce que peut-être la pensée bouddhique. Les thèmes abordées étaient très restreints et ma maigre connaissance ne vont ont pas forcément appris grand-chose, mais je vous conseille d’approfondir vos recherches si certaines notions vous ont touchées.

 

N'hésitez pas à me contacter pour poser des questions, si vous voulez débattre un aspect ou pour me demander de la littérature à ce sujet.  


05/04/2015
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Je suis Charlie

 

 

Traiter tout autre sujet me paraîtrait dérisoire, j'ai conscience de ne rajouter qu'une petite pierre parmi tant d'autre, mais c'est nécessaire pour créer l'immense montagne de soutien que l'on pourra voir des quatre coins du globe.

 

C'est aussi des artistes qui ont été exécutés hier, au nom d'un prophète qui doit avoir envie de se crever les yeux une nouvelle fois.

 

On n'appréciait pas forcément l'humour de Charlie Hebdo, mais cela ne justifie à rien cette agression.


 

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire"

Voltaire.


 

 

Comme des millions d'autres, je me joins à la vague de solidarité pour adresser ma compassion aux proches des victimes.

Je voudrai aussi apporter mon soutien:

 

  • Aux millions de musulmans à travers le monde qui prônent l'amour à travers leur foi et dont ce nouvelle acte nourrit un amalgame blessant.
  • A la presse frappée en son cœur qui malgré la perte d'amis chers n'a pas cessé de prendre sa plume.
  • A la police, encore une fois en première ligne, pour leur courage et leur dévouement.
  • Aux milliers de manifestants à travers le monde, qui n'ont pas eu peur de faire front ensemble.

 

Comment réagir à ce déferlement de haine, à cet acte barbare, à cette absence totale d'humanité ?

Je n'ai pas la réponse malheureusement, la seule chose que je sais c'est que l'on ne peut réagir que sans arme, ni violence, ni haine.

 

Sans arme, puisque personne n'a jamais gagné une guerre. Au contraire, en combattant un ennemi, on l'unit et on nourrit ses idéaux. J'en prend pour exemple le formidable élan unanime de compassion quelques heures après la drame, réunissant des gens de toutes origines, religions ou partis politiques.

 

Sans violence, pour ne pas provoquer d'escalade. La colère est légitime, mais inutile et dangereuse.

 

Sans haine, puisque souhaiter la mort de terroristes revient à rejoindre leurs modes de pensée. On ne peut pas réagir de façon passionnelle contre l'atrocité.


 

"La violence est le dernier refuge de l'incompétence"

Isaac Asimov.

 


Alors quitte à passer pour un hippie déluré, je voudrais passer un message d'amour contre ce cri de haine:

 

A ceux qui ont perdu un mari, un frère, un ami et qui souffre en silence, je vous aime.

Aux communautés blessés, ami musulmans, policiers, journalistes, je vous aime.

A ceux qui ont ri en lisant Charlie Hebdo, et à ceux qui ne l'ont pas fait, je vous aime.

A ceux qui croit en un dieu, en une multitude, ou qui n'y croit pas, je vous aime.

A ceux qui prennent les armes pour leurs idéaux, et à ceux qui les posent à terre pour les leur, je vous aime.

A ceux qui endure ce type d'acte presque chaque semaine dans leur pays, je vous aime.

 

A ceux qui ont perpétré ces attentats, je vous plains. Mais quelque soit votre haine, votre rancœur ou vos idéaux, vous ne m'empêcherez pas de vous dire que je vous aime.

 

 

 


 

 Je vous invite à participer à la marche républicaine (à priori prévu dimanche).

https://www.facebook.com/events/1026405250709751/?pnref=story

 

 


 

Mise à jour du 17/01/2015

 

Il y a encore beaucoup de choses à dire sur les 10 jours qui ont suivi l'attaque, mais les journalistes et analystes ont probablement un avis beaucoup plus pertinent que le mien. Néanmoins, je vous encourage à lire ses avis et à continuer ce beau mouvement d'union pour que ce ne soit pas qu'un coup d'épée dans l'eau.

 

Je met à suivre quelques dessins réalisés pour le journal du campus et quelques liens intéressants.

 

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 Un dessin de Benoit Lebeaupin dont j'aime bien le message

 

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 Si votre crayon vous démange et que vous avez envie de réaliser un dessin ou une caricature, n'hésitez pas à me l'envoyer à delartetdubeton@laposte.net. Je les publierai à la suite.

 

Quelques liens:

Les limites de la liberté d'expression

Tandis que les gestes islamophobes se multiplient, une ville bretonne résiste encore et toujours à l'amalgame

Archive du monde diplomatique sur ce type de terrorisme

 Une petite BD très bien faîte pour expliquer l'attentat aux enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 


08/01/2015
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Le dilemme du prisonnier


Une expérience de pensée très intéressante que je tenais à partager, même si elle est déjà relativement connue.

 

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  • Le problème

 

Il existe de nombreux énoncés du problème, mais qui sont tous similaires sur le fond. Je vous en propose une version.

 

La police a arrêté deux individus suspectés d'avoir réalisé un délit majeur, cependant elle manque de preuves pour les inculper. Les policiers proposent alors un marché avec les deux criminels: "Si l'un de vous dénonce l'autre et que l'autre se tait, le délateur n'aura qu'une année de prison tandis que le trahi écopera de 4 ans. Si vous vous dénoncez tous les deux, chacun écopera de 3 ans de prison. Enfin, si aucun de vous ne parle, vous passerez tous deux 2 ans en prison."

 

Un petit résumé en tableau

 

A/B dénonce se tait
dénonce (-3;-3) (-1;-4)
se tait (-4;-1) (-2;-2)

 Les chiffres indiquent le nombre d'année d'emprisonnement (d'années "perdues") pour les individus A et B.

 

À l'échelle individuelle, la situation idéale est donc de dénoncer son camarade sans se faire dénoncer. Cependant, il n'est pas possible de prévoir la réaction de ce dernier. Et si les deux individus se trahissent, ils auront tout perdu, puisque leurs peines seront plus fortes que s'ils avaient coopéré.

Sous le masque d'un problème presque mathématique apparemment  très simple se cache une espèce de "démonstration" de l'intérêt de la coopération dans l'évolution, et cela rend le sujet passionnant.

La plupart des propos dont je vais parler ici sont tirés de l'ouvrage "Supercooperators" de Martin Nowak, que je vous recommande vivement.

 

 

  • À quoi s'applique le dilemme du prisonnier ?

 

Ok, c'est bien joli, mais jusque-là, ça ressemble plus à un problème de baignoire qui fuit qu'à une théorie sur l'évolution !

Certes, si on regarde le problème d'une manière pragmatique, la situation a peu de risques de nous arriver et résoudre le problème n'a donc que très peu d'intérêt. Cependant, avec un peu d'imagination, vous vous apercevrez que cette situation se retrouve partout, que ce soit dans le monde animal ou dans notre société ! Un individu peut choisir ou non de coopérer avec quelqu'un ou d'agir de façon individuel, et les conséquences de ses actes varieront suivant son choix.

Quelques exemples la vie de tous les jours ou beaucoup plus général:

Nous sommes sur le quai d'un métro. Un groupe A de gens descend, un autre (groupe B) souhaite monter. Le groupe B peut choisir de monter tout de suite (d'agir de façon individuel) ou de laisser descendre le groupe A (de "coopérer"). Dans le premier cas, le groupe B sera plus vite dans le métro, mais si le groupe A décide de faire du forcing, il risque d'y avoir des échauffourées.

 

La meilleure situation pour les deux groupes est alors de coopérer.

 

Deux pays voisins possèdent une richesse équivalente. L'un des deux pourrait envisager de lever une armée pour aller conquérir son voisin pour accroître ses richesses, ou les deux pays pourraient décider de ne pas avoir d'armée et vivre donc de façon pacifiste.

 

Cependant, presque tous les pays lèvent une armée (qui coûte très cher) afin de dissuader leurs voisins de les attaquer. On est là dans la pire situation du dilemme du prisonnier (les deux camps ne coopèrent pas).

 

Le mode de vie de nombreux animaux est fondé sur une résolution du dilemme. Par exemple, chez les fourmis, certains individus ont des fonctions d'ouvriers, et d'autres de soldats. L'ouvrière, qui s'occupe d'aller chercher de la nourriture, pourrait décider de ne pas en offrir à la fourmi soldat, incapable de se nourrir toute seule.

 

Ce raisonnement serait même logique vis-à-vis de la sélection des espèces, seuls les individus les mieux adaptés survivent. Seulement, si l'ouvrière cesse de nourrir la soldat, la prochaine attaque de la fourmilière tournera au carnage et inversement, si la soldat arrête de protéger l'ouvrière, celle ci ne sera plus en mesure de la nourrir. On retrouve une quantité d'autres exemples dans la nature : le pluvian qui nettoie les ailes du crocodile, les coraux qui nettoient les poissons etc .

 

Cela illustre bien l'idée générale du dilemme du prisonnier. En acceptant un compromis, en acceptant de donner un peu de son temps, de ses richesses, de son travail, il est possible d'éviter le pire, pourvu que la personne à qui on offre cette aide fasse de même.

 

  • Comment résoudre le dilemme du prisonnier ?

 

Les stratégies les plus évidentes ne sont pas forcément les meilleurs !

En effet, pour limiter au maximum sa peine, il peut être tentant de dénoncer son complice. Mais si celui-ci se fait la même réflexion, les deux auront tout perdu ! On peut aussi vouloir dénoncer son complice pour au moins éviter la peine maximale. Cela fait plusieurs raisons de ne pas coopérer alors que nous avons vu que la meilleure issue pour les deux individus était de coopérer !

Plaçons-nous dans le cas d'un dilemme du prisonnier répété, ou chaque individu va pouvoir choisir sa position en fonction de ce qu'aura fait son compagnon au coup d'avant. De nombreuses stratégies sont alors possibles, en voici quelques-unes :

 

Le "nice guy" :  Coopère quoi qu'il arrive. Celui-là finira forcément pas se faire abuser par l'autre. Dans un monde parfait, ce serait bien sûr la meilleure attitude.
Tit for Tat :  (un prêté pour un rendu, donnant-donnant)Une des stratégies les plus robustes, il s'agit de coopérer en premier lieu, puis de copier son comportement à celui de son adversaire au coup d'avant.

Generous tit for tat : Mon préféré : le raisonnement est le même que précédemment, mais si l'adversaire ne coopère pas, on coopère dans 2/3 des cas. Cette stratégie est une des meilleurs et est très porté sur la coopération.

Win-stay, lose-switch : (on ne change pas une équipe qui gagne)Une des plus simple, et qui se révèle souvent meilleure que les "tit for tat". S'il y a eu "victoire" pour le joueur A (si les deux joueurs ont coopéré ou s'il est le seul à avoir trahi), celui-ci va conserver la même attitude avec une forte probabilité. Dans le cas contraire, il va changer d'attitude avec une forte probabilité. Cette stratégie s'apparente plus ou moins à de la revanche.

 

Beaucoup d'autres stratégies existent, et font ou on fait l'objet de nombreuses études en mathématiques.

Je ne vais pas les développer plus, mais voici un petit simulateur de l'efficacité des stratégies pour résoudre ce problème:

http://www.apprendre-en-ligne.net/jeux/dilemme/home.html

 

  • L'homme est-il un animal coopérant ?

 

 Un immense oui bien sur ! Et même si on se pense de moins en moins généreux et de plus en plus individualistes, il n'en reste pas moins que l'homme n'a jamais autant coopéré qu'aujourd'hui. Prenons un petit déjeuner. D'abord un grand café, dont les grains ont été récoltés par des agriculteurs Brésiliens. Ils ont ensuite été traités sur place par des ouvriers locaux, pour envoyer en Europe par des transporteurs. Sur place, ils sont passés dans une usine d'empaquetage, puis envoyés en grande surface où ils seront rangés et mis en rayon par les employés de grande surface et enfants ils vous seront facturés enfin par une caissière. Et encore, je vous épargne les personnes ayant collaboré pour construire les infrastructures et les machines nécessaires à tout ce processus ...

Et on en est qu'au café !

Bien sur, tout ceci est intimement lié aux progrès technologiques, et à la grande interdépendance dans laquelle nous vivons. Un ouvrier récoltant du café au Brésil n'a probablement pas l'impression de coopérer avec un inconnu européen. Cependant, même si de nombreuses inégalités persistent, cette coopération est profitable à chacune, et, problèmes financiers mis à part, sont plutôt satisfaisants.

 

Et pourtant, dans de nombreux cas, nous échouons lamentablement à ce jeu. Par exemple dans le cas des relations internationales que j'ai abordées un peu plus tôt. Mais aussi en écologie : nous choisissons très souvent de ne pas coopérer avec ceux qui nous succéderons en pillant les ressources et en influençant l'équilibre de la planète. Et même à une échelle plus réduite, deux personnes qui se disputent ou se battent après un accident ou pour une divergence d'opinion, c'est deux personnes qui ont choisi sciemment de ne pas coopérer, au détriment du leurs deux bien-être.

 

  • Que penser du dilemme ?

 

Bien évidemment, ce problème est bien trop simple pour représenter toutes les situations, il est beaucoup trop binaire. Souvent, notre coopération n'est pas totale tout comme notre individualisme

Il n'empêche qu'il présente de nombreux intérêts, malgré son aspect purement mathématique.

D'un point de vue biologique, il explique l'importance dans l'évolution de la coopération, et le comportement des animaux sociaux.

Dans notre société, il est le reflet de l'absurdité de certains de nos choix. Il met aussi en exergue que l'une des meilleurs stratégies pour une réussite individuelle est de coopérer au maximum.

Bref, soyez égoïste, donc soyez généreux !

 


10/11/2014
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