Fresque vie
Première article pour lancer ce blog !
Ceux qui me connaissent risquent de ne pas découvrir quelque chose de nouveau, puisque je vais commencer par présenter ma fresque réalisée durant le printemps 2014.
Pour la vidéo, la capture d'image a été faite au moyen d'une go pro salement attachée à un chevalet juste derrière moi. Au total, plus de 8500 photos ont été prises (~20go), une photo toutes les 10s.
Vue d'ensemble de la fresque.
Ça a été mon premier travail sur des dimensions aussi grande (1,90m sur 1,35m), ce qui impose beaucoup de contraintes auxquelles je n'avais pas forcement pensé et aussi une grande difficulté à mettre tous les éléments que je voulais tout en gardant un ensemble cohérent (bon je n'estime pas que cette partie aie été entièrement réussie ).
Cette fresque est composée de nombreux symboles, que j'expliquerais dans les photos des détails. Mais ils ne sont pas placés n'importe comment dans la toile. Il y a déjà une séparation assez nette entre la partie inférieure gauche du tableau et l'autre. Elle représente une rupture assez manichéenne des sentiments bons au mauvais, même si beaucoup d'entre eux se trouvent à la frontière.
Le coin inférieur gauche est dédié à la nature, bonne par essence. Le coin inférieur droit est composé des progrès scientifiques et technologiques, et de leurs dérives. Le centre de la toile est réservé à l'homme en général et le coin supérieur gauche aux arts.
Je n'ai jamais rien vu de plus beau dans la nature que des cerisiers en fleur. Je ne l'explique pas, mais c'est toujours une vision apaisante et éblouissante à la fois.
Véritable symbole au Japon où la floraison des cerisiers est une fête nationale.
"La vie y est belle et courte, comme une fleur de cerisier"
J'adore les oiseaux, c'est l'animal que je prend le plus de plaisir à dessiner ou peindre. Même sur le papier, on sent sa légèreté, sa grâce. C'est pour moi, (et pour Prévert ) le symbole de la liberté, de la vie absolument sans contrainte.
Les fleurs en dessous de l'oiseau ont été inspirées par celles d'Alfons Mucha dans ses affiches art nouveau.
Référence évidente au baiser de klimt, un de ses plus beaux tableaux et un symbole de l'amour.
http://fr.wikipedia.org/
La montagne à sa base est inspirée du mont Fuji, comme il était représenté dans les estampes traditionnelles d'Edo. Il est synonyme de force tranquille au japon.
"Le chemin est le même pour celui qui pleure que pour celui qui sourit"
Inspiré d'un tableau que j'apprécie beaucoup, les baigneuses de Picasso.
http://www.insecula.com/
Je crois qu'on a en nous le besoin irrépressible de voyager, et même contraint dans un lieu, on ne peut s'empêcher de laisser naviguer notre imagination vers des contrées fictives ou réelles. Mais dans tout ce mouvement, on s'accroche à un point de repère, comme un bateau guidé par un phare, pour se rappeler d'où on est parti.
La ville, dans sa beauté et son tumulte.
L'image du chat et de la tour eiffel est une référence à un peintre que j'apprécie beaucoup, Marc Chagall, et sa toile Paris par la fenêtre:
http://
De ville de campagne colorée et anarchique, on est vite arrivé à des grands ensembles grisâtres et ordonnés. C'est ce que je reproche beaucoup à Paris, avec ses immeubles haussmanniens tous semblables et de même hauteurs, ses parcs avec chaque buisson taillé au ras. Il règne dans certains quartier une rigueur oppressante, il est dur de distinguer une rue de l'autre. La personnalité des Parisiens semble avoir été muselée pour que chacun puisse se fondre dans la masse.
A côté de ça, deux aspects de la technologie francaise qui font la fierté du pays à l’international, le train et l'industrie nucléaire. Les deux ont à porter le poids de leurs passés respectifs: les déportés juifs transportés par milliers par la SNCF lors de la deuxième guerre, et les essais nucléaires un peu partout sur la planète par la France et les mensonges à propos de Tchernobyl.
Dans la même idée que la photo précédente, l'innovation technologique a permis de faire des instruments extraordinaires, capable de nous emmener dans l'espace, et d'autres outils sanguinaires capables de millions de victimes.
J'ai du mal à croire qu'une paix basée sur la dissuasion, avec des engins de plus en plus performants et meurtriers, puisse durer. L'Histoire semble me donner tort, il n'empêche que c'est une idée terrifiante.
J'aime bien l'idée de placer des symboles religieux près de ce qui représente pour moi la science. Depuis longtemps athée, mais très respectueux des croyances de chacun, j'ai été bouleversé par l'approche du bouddhisme, et notamment dans "le livre tibétain de la vie et de la mort" et certains écrits de Matthieu Ricard.
La "religion" consisterait plutôt en un exercice spirituel, que l'on apprend et pour lequel on s'entraîne, à l'instar de nos disciplines scientifiques, afin d'être en accord avec soi-même et permettre une vie sereine et apaisée en communauté. C'est une vision incroyable, et tellement simple qu'elle ne nous a même pas traversé l'esprit.
Cela ne remet pas en cause l'importance des autres religions, au contraire. Je pense que quel que soit la religion, l'important est d'y croire afin de donner un sens à son existence et accorder de l'importance à autrui. Plus que jamais, je pense qu'un exercice spirituel, religieux ou non, est nécessaire même si l'on ne s'en rend pas forcément compte.
Hélas, de nombreux dirigeants et fanatiques religieux, principalement issus du catholicisme et de l'islamisme, ont souhaité imposer leurs idées par la force et ont tué au nom de la religion, en bafouant du même temps ses principes les plus élémentaires. Et ce n'est pas le reniement ambiant de l'Eglise qui arrangera ce problème, mais plutôt une tolérance globale qui me paraît totalement utopique.
"L'intime optimisme consiste à comprendre que chaque instant qui s'écoule est un trésor, dans la joie comme dans l'adversité" Matthieu Ricard
Le temps, intime ennemi, source d'espoir, de tristesse, de réconfort et tant d'autre chose. Je ne pouvais réaliser une toile sur la vie sans le symboliser.
Le temps est quelque chose de beau, il est le fruit de la sagesse, de l'expérience, du travail accompli. La moitié inférieur de l'horloge représente celle du musée d'Orsay, que j'affectionne particulièrement pour sa splendeurs et ses ornements et qu'ironiquement, elle a de bonne chance de résister aux temps pour un bon moment !
Mais comme dirais Sanson, "le temps est assassin", et il finit par tout emporter, en prenant son temps. L'horloge représente sur la moitié supérieure est l'horloge de la fin du monde.
http://fr.wikipedia.org/
Symbole suprême selon moi de l'angoisse que peut générer le temps, de ne pas savoir ce qui nous attend, et de redouter le pire en attendant le meilleur.
"L'art c'est tout ce qui est inutile, unique et nécessaire"
Paul Valéry
Ceux qui me connaissent savent que je suis passionné d'art, sous toutes ses formes. Mais même du plus rustres des personnages, jusqu'à Hitler, l'être le plus abject de l'Histoire, en passant par les hommes préhistoriques, tous ont développé un intérêt particulier pour l'art et la création, que ce soit par la musique, la peinture, les mots ou tout autres choses.
L'art est un divertissement, mais aussi une source d'apaisement, un medium pour s'exprimer, un moyen de se soigner, un lien social et tant d'autres choses. Mis à mal par une société qui prône avant tout la technologie, il n'en est pas moins bien plus utile.
J'ai choisi de symboliser l'art par des choses que j'apprécie particulièrement: la danseuse de flamenco, le parfait alliage de la danse et la musique, et le violon, qui exprime pour moi au mieux les émotions.
Dans la lignée de la photo précédente, j'ai voulu faire un clin d’œil (discret je l'avoue) à toutes les histoires imaginées, dont celle du dragon qui protège une grande tour d'argent.
"Imagination is more important than knowledge. For knowledge is limited, whereas imagination embraces the entire world, stimulating progress, giving birth to evolution" Einstein
L'imagination est quelque chose de formidable, de cruelle aussi parfois, mais qui permet de s'évader bouger de chez soi. Je me permet de vous proposer "tout seul" de Chabouté, qui illustre magnifiquement mon propos.
http://www.babelio.com/
Les histoires de fictions ont cela de merveilleux quel ne sont souvent pas qu'un simple divertissement onirique: en créant de nouvelles civilisations, en imaginant une époque passée ou future, elles déforment et éclatent notre propre mode de vie et nous révèlent nos faiblesses.
"Un seul oiseau en cage et la liberté est en deuil" Prévert.
Voilà qui devrait vous remémorer quelques souvenirs d'école primaire ou de collège. Quel dommage de cantonner ce poète aux petites classes, alors qu'il y en a tellement à en tirer.
Si la cage est une simple illustration de cette phrase, de l'art muselé par le pouvoir ou des hommes qui se donnent de l'importance, l’œil a pour moi de nombreuses significations.
On a tous quelques choses que l'on regrette d'avoir vues, et l’œil de Malcolm McDowell dans Orange Mécanique m'a inspiré. Si l'on dit que le cœur saigne, alors les yeux le pourraient aussi. Il est aussi placé juste au dessus de l'endroit ou les feuilles de papiers qui s'envolent se transforment en billets de banque, symbole d'une mercantilisation à outrance de l'art qui ruine son essence.
Des 5 sens, la vue semble être celui qui prédomine, du moins je dirais que c'est un sens subconscient. On rêve en image, et c'est cette sensation qui nous reste au réveil. Est-il possible de rêver d'une musique, de la sensation d'un toucher, du goût d'un plat? En tout cas c'est pourquoi j'apprécie particulièrement la peinture, pour cet espèce de réminiscence qui fait qu'une œuvre observée depuis des années continuera à nous marqué durablement, plus qu'aucune musique ou sensation.
La chute est une sensation terrifiante et pourtant tellement grisante pour qui sait l'apprécier.
C'est la sensation de perdre le contrôle, de ne plus être maître de ses actions. Qui n'a pas éprouvé, allongé tranquillement sur son lit, la sensation de tomber et une peur soudaine l'envahir? Et pourtant, beaucoup recherche la sensation de l'envol par le saut en parachute, les montagnes russes ...
Parce qu’il y a dans la sensation de chute, un peu comme dans ce que j'imagine être l’apesanteur, l'impression d'être allégé de toutes ses contraintes physiques, d'avoir un corps qui ne pèse rien, en somme, d'avoir la sensation d'être libre.
D'ailleurs, je trouve modestement que c'est un peu une allégorie de la vie. Tout le monde chute, plus ou moins vite, et l'on sait qu'un jour on rencontrera le sol. Pourtant la plupart se débattent, agitent les bras dans tout le sens pour essayer de voler alors qu'il est possible de profiter de la sensation et des gens qui chutent à nos côtés.
Icare, celui qui ébloui par la beauté du soleil, a fini par se brûler les ailes à vouloir le contempler.
Je ne pense pas qu'il soit possible d'attribuer une seule morale à l'histoire d'Icare, tant elle est pleine de sens. C'est l'effet de notre curiosité maladive, dévorante et téméraire, c'est le symbole de notre cupidité, de ne pas pouvoir se satisfaire de ce que l'on possède, et c'est aussi le reflet de notre utopisme, notre recherche frénétique du bonheur, qui fait fi de tous les dangers.
C'est tout cela à la fois, et bien d'autres choses encore, en tout cas je trouve cette histoire très belle et riche.
Le cri, qu'il vienne de Munch ou de Francis Bacon.
C'est le cri ultime que l'on fait grandir pendant tant de temps à l'intérieur de soi-même, une rage intérieure qui nous consume, nous habite. C'est l'accumulation des tensions, des regrets, des échecs, des déceptions, des peurs contenues dans une petite boule fumante à l'intérieur de nous, qui n'attend qu'une étincelle pour s'embrasser, ou une caresse pour s'apaiser.
C'est l'extériorisation de nos angoisses qu'on se refuse à faire, de peur du regard des autres, de l'aveu de sa faiblesse et de ses limites.
Je n'ai jamais compris les guerres, que ce soit ce qui les font ou ceux qui les ordonnent. Attention je ne parle pas là de peuples opprimés luttant contre leurs gouvernements, mais plutôt de pays ou d’organisations qui décident tout à coup qu'une nation, une race ou tout autre groupe dans sa globalité est "Le" grand ennemi et qu'il convient de s'en débarrasser. C'est les guerres de religions, les guerres idéologiques comme les deux conflits mondiaux, les guerres de décolonisation et plus récemment le terrorisme.
J'ai eu la chance de vivre dans un pays et une époque ou la guerre n'évoque que des souvenirs.
Mais encore aujourd'hui, des hommes prennent les armes pour quelques différents, au nom de terres, de religion, de puits de pétrole. Derrière ceux qui organise le conflit ce masque, diabolique, masquant leurs visages que je ne connais pas, et ses croix d'attelles qui lui permettent de contrôler les deux camps.
Pour eux, il ne semble pas y avoir d'importance au nom du vainqueur et du vaincu tant que le conflit persiste.
Gaïa, la déesse mère, surplombant la terre et l'auréolant de son amour infini.